Zurich (awp) - Suite au report aux calendres grecques de la cession de son unité aux Philippines, Lafargeholcim s'est retrouvé sous pression dans les premiers échanges boursiers de ce début de semaine. Une tendance qui s'est rapidement confirmée, le titre se profilant dans le wagon de queue du marché qui lui n'était pas vraiment encouragé par le déverrouillage du confinement.

A 10h48, la nominative Lafargeholcim chutait de 1,6% à 39,00 francs suisses alors que l'indice des valeurs vedettes SMI perdait 0,37%. Depuis le début de 2020, le titre a dévissé de 27%.

Pour Vontobel, en janvier, le gendarme de la concurrence avait déjà signalé que la fusion aux Philippines entre SMC et Holcim pourrait mener à un "monopole, une position renforcée sur le marché et une collusion potentielle" dans la production de ciment. Nous savions donc que ce projet de transaction se trouvait dans une situation périlleuse", commentent les analystes de la banque zurichoise.

Holcim Philippines opère sur un marché à forte croissance et est rentable, mais la cession aurait contribué à réduire l'endettement net de Lafargeholcim à hauteur de 1,8 milliard de francs suisses. Cependant, même en l'absence de cette transaction, "nous nous attendons à ce que le désendettement de l'entreprise se poursuive", conclut Vontobel.

Dans l'attente de jours meilleurs

La vente de la participation de 85,7% de Holcim Philippines pour un produit prévu de près de 1,8 milliard de francs suisses faisait partie du plan de cession des activités en Asie du Sud-Est, rappelle la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Alors que les fruits retirés des cessions en Indonésie, en Malaisie et à Singapour ont été juteux, l'achèvement de la vente aux Philippines a été reporté à plusieurs reprises en raison de retards dans les feux verts accordés par les autorités.

Les analystes de la ZKB précisent que vu ces retards, cette annulation ne crée pas vraiment la surprise, mais elle est néanmoins perçue comme une déception. Pour l'heure Lafargeholcim prévoit de maintenir ses activités aux Philippines. "Mais nous supposons qu'une sortie sera recherchée lorsque l'environnement sera meilleur".

Le groupe peut se targuer de liquidités et de lignes de crédit inutilisées dépassant les 8 milliards de francs suisses, ce qui lui confère une position financière solide, estime la ZKB. Le tout est confirmé par la proposition de dividende de 2 francs suisses par action, qui sera soumise au vote pour approbation lors de l'assemblée générale annuelle de demain, mardi.

UBS évoque lui aussi une déception - compte tenu de la valorisation élevée à l'époque et vu les récents commentaires de la direction selon lesquels l'opération serait bientôt conclue. Du coup l'objectif stratégique de se retirer des marchés émergents, plus exigeants par nature, a pris du retard.

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