Alors que des craintes d'un affaiblissement du moteur chinois ont pesé sur le secteur du luxe ces derniers mois, le directeur financier du groupe, Jean-Marc Duplaix, a précisé lors d'une conférence téléphonique avec la presse ne percevoir à ce stade aucun ralentissement de la demande en provenance de Chine, qui représente plus du tiers des ventes du secteur.

Il a également estimé que la priorité restait la croissance organique - à l'heure où certains misent sur une accélération de la consolidation par de grands groupes gorgés de cash - tout en indiquant que Kering restait "ouvert" à plus long terme à la croissance externe.

Au coeur de toutes les attentions des investisseurs, Gucci, principal centre de profit du groupe, n'a que peu décéléré, signant encore une progression de ses ventes de 35,1% en données comparables, au lieu des 25% attendus, après une hausse de 44% au premier semestre.

Cette performance réalisée sur des bases de comparaison pourtant très difficiles - les ventes avaient bondi de 49,4% au troisième trimestre 2017 - laisse loin derrière les autres meilleurs élèves du secteur comme Louis Vuitton, propriété de LVMH, dont les ventes ont progressé d'environ 14% au cours du trimestre.

Le PDG de Gucci, Marco Bizzarri, s'était attaché récemment à rassurer ses vendeurs en expliquant dans une vidéo interne qu'il ne fallait pas "avoir peur" des variations quotidiennes parfois négatives dans les magasins, liées à des comparatifs très élevés.

GUCCI POURRAIT CROÎTRE DE 25% AU T4

Le risque de lassitude face à des partis pris esthétiques très marqués, la fidélisation de la masse de ses nouveaux clients ou l'évolution de sa ligne créatrice sont autant de défis à moyen terme pour la griffe florentine.

Pressé de questions sur sa croissance future, Jean-Marc Duplaix a déclaré aux analystes qu'elle pourrait se situer aux environs de 25% au quatrième trimestre et a renvoyé, au-delà de cet horizon, aux ambitions énoncées par Marco Bizzarri en juin.

Face aux interrogations des investisseurs sur la capacité de Gucci à conserver son attractivité, le PDG de la marque s'était alors montré très confiant tout en évoquant une inévitable "normalisation".

Balenciaga, nouvelle pépite du groupe, a encore progressé de 50%. Portée par le succès de ses chaussures et de son prêt-à-porter décalé, la marque devrait bientôt atteindre la barre du milliard d'euros de chiffre d'affaires.

Saint Laurent a marqué un peu le pas (+16%) après une croissance de plus de 20% pendant sept ans d'affilée tandis que la relance de Bottega Veneta (-8,4%), qui vient de changer directeur artistique, ne devrait pas se faire sentir avant le deuxième semestre 2019.

Le regain d'inquiétudes concernant la demande chinoise, lié à la baisse de la Bourse de Shanghai, à la dépréciation du yuan et aux conséquences de la guerre commerciale sino-américaine, a récemment pesé sur le secteur du luxe.

Depuis son plus haut de l'année à 522,40 euros touché le 15 juin, le titre Kering a abandonné 32,4%, plombé aussi par les craintes sur la croissance future de Gucci.

Il a fini mercredi à 353,10 euros, en baisse de 3,34% depuis le début de l'année, alors que l'indice Stoxx européen du luxe et des biens de consommation cède 9,07% sur la même période.

Au total, les ventes trimestrielles de Kering ont progressé de 27,6% en données publiées à 3,40 milliards d'euros, dépassant le consensus de 3,26 milliards d'Inquiry Financial pour Reuters, et la croissance organique a ralenti à 27,5% (+22,5% attendus), après +34% sur les six premiers mois de l'exercice.

(Pascale Denis, édité par Bertrand Boucey)

par Pascale Denis et Sarah White