Zurich (awp) - La lutte pour s'emparer de Panalpina s'est brusquement accélérée vendredi avec un chevalier blanc inattendu venu du Moyen-Orient et un prétendant danois devenu du coup plus généreux. Les principaux actionnaires du groupe de logistique bâlois n'ont pour l'heure pas fait part de leurs intentions face à ces nouvelles avances.

Panalpina a confirmé être en négociation avec son homologue koweïtien Agility. Le groupe sis à Bâle a évoqué des discussions concernant "des opportunités stratégiques potentielles" dans les activités respectives des deux entreprises. Dans un bref communiqué, il a précisé que les discussions entre les deux sociétés se trouvaient "à un stade précoce", sans plus de précision.

Agility se présente comme le plus grand logisticien du Moyen-Orient, ayant dégagé en 2017 un chiffre d'affaires de 4,6 milliards de francs suisses et un résultat brut d'exploitation (Ebitda) de 446,5 millions. Le groupe compte 22'000 employés dans le monde.

A titre de comparaison, Panalpina avait dégagé en 2017 des recettes de 5,5 milliards de francs suisses et un Ebitda de 146,2 millions. Le groupe bâlois emploie 14'000 personnes.

Agility représente une capitalisation boursière de 3,7 milliards de dollars, contre 3,5 milliards pour Panalpina, selon les données fournies par la banque Vontobel.

Finanz und Wirtschaft avait fait état mercredi de potentielles discussions entre les deux sociétés. Le patron de Panalpina, Stefan Karle, avait indiqué au journal alémanique être en mesure de croître de manière "organique et anorganique". Le groupe serait capable de réaliser des acquisitions de sociétés d'une taille semblable. Le directeur général avait cependant refusé de commenter un éventuel rapprochement avec Agility.

Surenchère danoise

Réagissant à cette annonce, DSV est revenu à la charge pour tenter de séduire les actionnaires de Panalpina. Le groupe danois offre désormais 180 francs suisses, entièrement en numéraire, pour chaque action. Dans son offre de rachat initiale, le logisticien danois proposait l'équivalent de 170 francs suisses par titre Panalpina, soit 1,58 action DSV et 55 francs suisses en liquide.

Dans un communiqué succinct, DSV a indiqué "être au courant" que Panalpina et Agility avaient engagé des discussions pour un éventuel rapprochement. Le groupe scandinave a précisé que sa nouvelle offre représentait un multiple de 24 à l'échelle du résultat brut d'exploitation (Ebitda) de Panalpina.

Panalpina a accusé réception de cette nouvelle offre "non contraignante" de la part de DSV et indiqué dans un communiqué son intention de la passer en revue, sans autre précision.

Le principal actionnaire de Panalpina, la fondation Ernst Göhner, avait indiqué début février rejeter la proposition initiale de DSV. L'actionnaire de référence, qui détient près de 46% du capital du logisticien, avait souligné privilégier une stratégie de croissance autonome, par le biais notamment d'acquisitions. Contactée vendredi, la fondation n'a pas souhaité réagir.

L'action rebondit

La société d'investissement Artisan, qui représente environ 12% des actionnaires de Panalpina, avait pour sa part exigé une étude "sérieuse et objective" de l'offre de rachat émise par DSV.

Quant à Cevian, dont la participation se monte à 12,3%, un porte-parole a indiqué à AWP ne pas vouloir commenter ce nouvel épisode.

Avant le relèvement de l'offre, les analystes de Vontobel avaient exprimé leurs doutes sur les chances de succès de l'offre de DSV. La Banque cantonale de Zurich (ZKB) avait abondé dans ce sens, estimant dans une note que le rachat de Panalpina par DSV était devenu "moins certain".

A la Bourse suisse, l'action Panalpina était ballotée au gré des annonces. Après avoir ouvert en baisse de plus de 4,6%, le titre a été momentanément suspendu de cotation dans la matinée.

A la Bourse, après une suspension de cotation en début de séance, l'action Panalpina s'est envolée, terminant en hausse de 4,8% à 156,10 francs suisses, dans un SPI en hausse de 0,93%.

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