New York (awp/afp) - Pfizer a accepté lundi de fusionner son activité de médicaments non brevetés avec le groupe pharmaceutique Mylan pour créer un géant mondial dans le secteur des traitements à moindre coût sur fond de baisse des prix des génériques aux Etats-Unis.

La nouvelle société, qui sera détenue à 57% par les actionnaires de Pfizer et le reste par ceux de Mylan, aura dans son portefeuille des médicaments populaires à travers le monde comme l'anti-cholestérol Lipitor, le Viagra, pilule contre l'impuissance masculine, l'analgésique Lyrica et le traitement d'urgence de réactions allergiques graves EpiPen.

Cette transaction intervient au moment où les acteurs traditionnels de l'industrie des médicaments génériques font face à la concurrence de laboratoires indiens, ce qui entraîne une baisse des prix alors même que les tarifs des traitements brevetés sont eux en forte explosion.

Les prix des médicaments génériques ont baissé en moyenne de 9,3% entre 2016 et 2017 aux Etats-Unis, selon une étude rendue publique en avril de l'organisation AARP Public Policy Institute.

"C'était la troisième année consécutive de baisse substantielle et ça fait partie d'une tendance générale de baisse des prix des médicaments génériques sur les 15 dernières années", en a conclu l'organisation.

Le prix moyen d'un générique était par exemple de 365 dollars par an, contre 6.798 dollars pour un traitement breveté, soit une différence de 1.800%.

Vaccins et oncologie

Cette baisse des prix des médicaments génériques se traduit par la chute des chiffres d'affaires, des bénéfices et des actions en Bourse des fabricants. Les titres de Teva et Mylan, deux gros acteurs de l'industrie du médicament générique, ont perdu plus de 75% de leur valeur depuis leurs plus hauts atteints au printemps 2015.

La nouvelle société créée par Pfizer et Mylan sera rebaptisée après la finalisation de l'opération et dirigée par Robert Coury, l'actuel président du Conseil d'administration de Mylan.

Concrètement, Pfizer va donner son indépendance à Upjohn suivant un mécanisme qui lui éviterait de payer des impôts. Upjohn pourra ensuite fusionner avec Mylan.

Ce mariage se fera par échange d'actions, chaque titre Mylan devrait être converti en une action de la nouvelle société, qui devrait enregistrer un chiffre d'affaires compris entre 19 et 20 milliards de dollars, à périmètre constant, dès 2020.

Pfizer et Mylan affirment également que cette entreprise va pouvoir réaliser des synergies estimées à environ 1 milliard de dollars par an d'ici 2023 et va se développer en Chine et dans les pays émergents. Elle aura toutefois une dette d'environ 24,5 milliards de dollars.

Les deux groupes travaillent déjà ensemble, notamment au Japon où ils fabriquent et vendent ensemble des génériques. Pfizer fabrique également les injecteurs de l'Epipen, traitement phare de Mylan.

Cette union devrait permettre à Pfizer de se concentrer sur le développement des traitements dits innovants - anti-cancéreux, vaccins et immunothérapie - qui constituent actuellement plus de 72% de ses ventes.

"Les activités de médicaments brevetés de Pfizer devraient voir leur croissance accélérer après 2020 et dépasser la moyenne du reste de l'industrie grâce à Ibrance, Prevnar et Eliquis", souligne la banque JPMorgan.

Ibrance est un traitement contre le cancer, Eliquis un anticoagulant et Prevnar une famille des vaccins contre les infections invasives comme la pneumonie et la méningite.

Le déclin de plus de 11% des ventes des médicaments non brevetés a par exemple causé une baisse du chiffre d'affaires de Pfizer au deuxième trimestre, à 13,26 milliards de dollars (-1,50%) en dépit d'une progression des recettes générées par les traitements innovants.

Le numéro 2 mondial de la pharmacie a également accusé une baisse de son bénéfice net trimestriel de 1,6% à 4,52 milliards de dollars et a dans la foulée abaissé ses objectifs financiers annuels, en raison de charges liées à la coentreprise créée en 2018 avec le britannique GlaxoSmithKline (GSK) dans les médicaments sans ordonnance.

L'accent mis par Pfizer sur les médicaments brevetés faisait toutefois tiquer l'agence S&P Global Ratings, qui a abaissé d'un cran la note de solvabilité financière du groupe en estimant que la transaction annoncée lundi, en plus de l'accord conclu avec GSK, réduisait significativement la diversité et l'ampleur des activités du géant pharmaceutique.

A Wall Street, le titre reculait de près de 2% dans les premiers échanges, tandis que Mylan bondissait de plus de 12%.

afp/rp