par Lisa Jucca et Valentina Za

MILAN, 7 mars (Reuters) - La Banque d'Italie est en train de recruter des consultants en immobilier pour vérifier si les banques valorisent correctement les actifs immobiliers et fonciers servant de garantie à des prêts.

La valorisation des collatéraux est l'une des principales sources d'incertitude pour des banques italiennes qui, comme les autres, doivent se préparer à une série d'évaluation de leur santé financière qui démarrent ce mois-ci dans l'ensemble de la zone euro.

Sept d'entre elles comptent déjà lever plus de 7,5 milliards d'euros de capital pour renforcer leur bilan. Mais le doublement des créances douteuses et irrécouvrables en Italie depuis la fin 2010 amène beaucoup d'experts à chiffrer ces besoins à 20 milliards d'euros pour le secteur bancaire local, la question de la valorisation des collatéraux ne simplifiant en rien l'affaire.

"Les banques ont déjà déprécié la valeur des collatéraux mais elles se demandent si c'est suffisant. Dans le même temps, une prudence excessive pourrait avoir des conséquences catastrophiques car elle déprimerait encore plus le marché immobilier", a dit un banquier à Reuters.

La chute d'un quart de la production industrielle italienne depuis son pic de 2008, des faillites d'entreprise par milliers et une chute des opérations de cessions de biens immobiliers ou fonciers ont déprimé les prix de ces derniers actifs, au point de rendre parfois leur valeur nulle ou en tout cas difficile à calculer.

JPMORGAN APPLIQUE UNE DÉCOTE DE 70%

Pour l'aider dans cette tâche, la Banque d'Italie a passé une annonce et a dressé une liste provisoire de 12 cabinets de conseil, a dit une source du secteur. Une autre a précisé que le choix du conseiller retenu était attendu mi-avril.

Parmi eux, se trouve Prelios Valuations, du groupe immobilier Prelios, et le conseiller américain CBRE . Tous deux se sont abstenus de tout commentaire.

Pour Rocco d'Acunto, associé du cabinet Bain en Italie, les nouvelles valorisations des collatéraux immobiliers auront des répercussions sur les bilans bancaires vers juin ou juillet.

"Nous pensons que cela pourrait avoir un impact négatif en termes de provisions supplémentaires mais cela augmentera aussi la transparence et permettra de réduire l'écart de prix qui empêche actuellement de revendre les créances problématiques", explique-t-il.

Des analystes de JPMorgan écrivent dans une note qu'ils appliquent une décote de 70% sur la totalité des collatéraux des banques de la péninsule. "La raison pour laquelle nous appliquons une décote aussi forte sur la valeur du collatéral, c'est qu'il s'agit de la principale source d'incertitude pour les banques italiennes, selon les banques elles-mêmes mais aussi selon la Banque d'Italie", observent-ils.

L'encours de créances douteuses et irrécouvrables en Italie risque de dépasser 190 milliards d'euros en 2015 contre 156 milliards fin 2013, même si l'économie renoue peu à peu avec la croissance, selon le groupe bancaire ABI. (Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)

Valeurs citées dans l'article : Prelios SpA, CBRE Group Inc