(Répétition sans changement de la dépêche transmise vendredi)

* Chute de moitié des transactions de M&A en France en 2012

* Restructurations et quête de relais de croissance domineront 2013

* Les opinions divergent sur un rebond du M&A dès 2013

par Matthieu Protard

PARIS, 21 décembre (Reuters) - Ralentissement économique mondial, crise de la zone euro ou encore élection présidentielle en France. Tous les ingrédients étaient réunis pour faire de 2012 le pire cru de ces dix dernières années pour le marché français des fusions et acquisition (M&A).

Et si la situation dans la zone euro semble vouloir se stabiliser, grâce notamment aux interventions cette année de la Banque centrale européenne, rien ne permet encore de pronostiquer avec certitude un rebond significatif de l'activité en 2013 avec le retour en force des grandes opérations de M&A.

D'après l'étude annuelle de Thomson Reuters, le volume des transactions de M&A impliquant au moins une entreprise française a été divisé par deux en 2012, à 84,9 milliards de dollars au 18 décembre 2012 contre 160 milliards un an plus tôt. Le repli n'est que de 4% en Europe et de -8% aux Etats-Unis.

Les opérations ayant pour cible un groupe français ont de leur côté chuté de 64% à 29,3 milliards de dollars cette année, signant ainsi leur pire performance depuis 1995.

"2012 est la première année qui a complètement intégré la problématique de la crise européenne et des incertitudes politiques ayant entraîné une baisse des perspectives de croissance européenne", explique Alban de la Sablière, banquier d'affaires chez Morgan Stanley à Paris.

Outre l'impact de l'élection présidentielle, la France souffre aussi d'un effet de comparaison avec la Grande-Bretagne où les transactions ont été particulièrement dynamiques cette année dans les ressources naturelles avec notamment la fusion entre Glencore et Xstrata, fait aussi remarquer Jean-Jacques de Balasy, co-responsable de la banque d'investissement pour la France, la Belgique et le Luxembourg.

RESTRUCTURATIONS, RELAIS DE CROISSANCE

Si les grandes opérations, à l'image du projet avorté de fusion entre EADS et BAE Systems, ne semblent pas à l'ordre du jour, les spécialistes des fusions-acquisitions pourront toujours compter sur les restructurations d'entreprises pour alimenter et dynamiser l'an prochain le marché du M&A.

Si le secteur bancaire français a été cette année particulièrement actif sur le front des cessions d'actifs, les groupes industriels lui emboîtent désormais le pas.

Soucieuses de réduire leur dette, des entreprises comme Veolia Environnement, GDF Suez ou Carrefour ont d'ailleurs commencé à céder des actifs. D'autres devraient suivre.

"Des secteurs comme les télécoms, l'énergie ou l'automobile ont vu leur capitalisation boursière fondre à la suite de chocs réglementaires et économiques et de remise en cause des 'business models'. Ces secteurs ont besoin de s'adapter", souligne Jérôme Calvet, co-président de Nomura en France et responsable de la banque d'investissement, qui y voit ainsi des facteurs de rebond pour le M&A.

Pour compenser le marasme économique en Europe, des entreprises pourraient aussi être tentées d'aller chercher des relais de croissance dans les pays émergents ou aux Etats-Unis.

PPR ne cache pas son souhaite de se développer davantage en Chine tout comme Carrefour qui entend se renforcer sur ses deux marchés d'avenir, la Chine et le Brésil.

"Pour les entreprises très exposées à l'Europe, il y a une prise de conscience que des transactions seront nécessaires pour aller chercher de la croissance, par exemple aux Etats-Unis ou dans les pays émergents", note ainsi Alban de la Sablière, chez Morgan Stanley.

"Ces entreprises devront dans le même temps gérer les difficultés économiques européennes et on peut s'attendre à une poursuite des consolidations européennes sous la forme de co-entreprises, de partenariats ou encore d'échanges d'actifs", poursuit-il.

INCERTITUDES SUR UN REBOND

Si la crise de la dette souveraine et les craintes d'éclatement de la zone euro avaient l'an dernier dissuadé les entreprises de se lancer dans des transactions, ces dernières auront néanmoins besoin de signaux d'embellie avant de se lancer dans des opérations d'envergure.

"Il est certain que les entreprises qui se portent bien regardent où aller chercher de la croissance", indique Catherine Soubie, co-responsable de la banque d'investissement chez Barclays. "Reste à savoir si elles se lanceront maintenant dans des opérations de plusieurs milliards. On peut avoir un doute sur le calendrier."

Lors d'une conférence organisée cette semaine à Paris par l'Association française des trésoriers d'entreprises, Charles de Croisset, conseiller international chez Goldman Sachs, a dit ne pas s'attendre à une reprise des fusions-acquisitions avant 2014, voire 2015.

"Il faudra les premiers signes d'une conjoncture qui s'améliore pour que 2013 soit un bon cru en M&A", relève pour sa part Nicolas Darius, responsable du M&A pour la France, le Belgique et le Luxembourg chez Barclays.

Alban de la Sablière estime lui aussi qu'il est trop tôt pour tabler sur un redémarrage l'an prochain même si "la fin de 2012 a connu un environnement plus porteur avec des financements disponibles, peu chers et une diminution des risques macro-économiques."

* L'étude complète sur l'activité du M&A en France publiée par Thomson Reuters: http://link.reuters.com/wyv74t

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