(Actualisé avec détails et commentaires)

par Antoni Slodkowski, Ju-min Park et Kiyoshi Takenaka

TOKYO, 29 septembre (Reuters) - L'ancien ministre des Affaires étrangères Fumio Kishida a remporté mercredi la direction du Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir au Japon, une victoire qui lui assure pratiquement la succession dans quelques jours de Yoshihide Suga au poste de Premier ministre.

Dans un discours, le vainqueur du scrutin a promis de diriger un parti transformé lors d'élections générales prévues d'ici le 28 novembre prochain et de continuer à lutter contre la pandémie de coronavirus qui a frappé l'économie japonaise.

"Les élections à la direction du PLD sont terminées. Faisons tous face ensemble aux élections à la chambre basse et à la chambre haute (du Parlement)", a commenté Fumio Kishida.

"Notre crise nationale se poursuit. Nous devons continuer à travailler dur sur (notre) réponse au coronavirus avec une forte détermination, et nous devons réunir des dizaines de milliards de yens pour des mesures de relance d'ici la fin de l'année", a-t-il ajouté.

Fumio Kishida, qui ne bénéfice que d'un soutien modéré du public, a battu l'ancien ministre de la Défense actuellement chargé de la campagne de vaccination contre le COVID-19, Taro Kono, franc-tireur populaire, lors d'un second tour électoral.

Un premier tour les avait opposés à l'ultra-conservatrice Sanae Takaichi et Seiko Noda, issue de l'aile libérale, en déclin, du PLD.

Fumio Kishida devrait succéder au Premier ministre actuel Yoshihide Suga, qui ne s'est pas présenté à la direction de la formation au pouvoir, ouvrant ainsi la voie à son remplacement, un an après sa prise de fonctions.

Il devrait être nommé à la tête du gouvernement à l'issue d'une session parlementaire le 4 octobre, le PLD détenant la majorité des sièges à la chambre basse du Parlement.

Fumio Kishida devrait former dans la foulée un nouveau gouvernement et remanier la direction du parti.

Selon des médias japonais, qui citent des cadres du PLD, la chambre basse du Parlemant serait dissoute à la mi-octobre et des élections devraient avoir lieu le 7 ou le 14 novembre.

"Un mois entier de monopole à la télévision et dans les journaux à l'approche des élections ne peut pas être mauvais pour le PLD, mais le résultat décevant va peut-être rapidement saper l'ambiance festive", a déclaré Koichi Nakano, professeur de sciences politiques à l'Université de Sophia de Tokyo.

"L'opposition doit être soulagée de ne pas avoir à lutter contre le chouchou de la télévision (Kono)."

SYNONYME DE STABILITÉ

Il est peu probable que la victoire de Fumio Kishida entraîne un changement radical de politique alors que le Japon cherche à faire face à l'influence croissante de la Chine et à relancer son économie après le choc lié à la pandémie.

Fumio Kishida partage l'idée, largement consensuelle, de la nécessité de renforcer les défenses du Japon et ses relations avec les États-Unis et d'autres partenaires sur la sécurité, notamment le groupement stratégique dit "Quad", tout en préservant ses liens économiques avec la Chine.

"Je ne m'attends pas à de grands changements dans la politique étrangère", a affirmé Jeffrey Hornung, politologue à la RAND Corporation.

"Un espace indo-pacifique libre et ouvert continuera d'être un pilier des outils diplomatiques du Japon dans ses relations avec la région et (Kishida) continuera à tenir une position ferme contre la Chine", a-t-il détaillé.

Le nouveau dirigeant du PLD souhaite renforcer les garde-côtes japonais et soutient l'adoption d'une résolution condamnant le traitement par le gouvernement chinois des membres de la minorité ouïghoure.

Il a également déclaré que l'assainissement budgétaire serait un pilier majeur de sa politique, tout en soulignant l'importance du maintien par la Banque du Japon de sa politique ultra-accommodante, qu'il avait pourtant critiquée en 2018.

Fumio Kishida a également plaidé pour la nécessité de distribuer plus de richesses aux ménages, s'opposant ainsi à la stratégie des "Abenomics", du nom de l'ancien Premier ministre Shinzo Abe, en faveur d'une augmentation des bénéfices des entreprises.

"Kishida est synonyme de stabilité, il ne fait pas de vagues et surtout, il fait que ce que l'élite technocrate lui dit de faire", a commenté Jesper Koll, expert pour le groupe de services financiers Monex.

(Reportage Antoni Slodkowski, Leika Kihara, Kiyoshi Takenaka, Linda Sieg, Chang-Ran Kim, Ju-min Park, Daniel Leussink, Ritsuko Ando, Tetsushi Kajimoto et Elaine Lies, version française Juliette Portala, édité par Blandine Hénault)