Paris (awp/afp) - Les taux d'emprunt en zone euro ont évolué en ordre dispersé lundi, celui de l'Allemagne s'étant détendu, contrairement à ceux de la France et l'Italie qui ont pâti de la résurgence des craintes politiques.

Le mouvement de baisse du taux allemand est "clairement lié aujourd'hui au rôle d'actif sans risque, de valeur refuge que jouent ces obligations face aux craintes qui ressurgissent à deux semaines des élections françaises, qui plus est avec la percée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages", a souligné auprès de l'AFP Guillaume Truttmann, un gérant obligataire de Quilvest AM.

La résurgence du risque de "voir un deuxième tour un peu surprise", qui verrait l'arrivée de deux candidats anti-européens, ce que les marchés redoutent, entraînait à l'inverse une tension sur le taux français à dix ans, mais également sur le taux italien, a-t-il complété.

"L'Italie et la France, dans cette période de stress politique, évoluent souvent ensemble", a expliqué M. Truttmann, alors que le taux espagnol, qui a peu varié, est davantage décorrelé de ce mouvement.

- Prudence des investisseurs étrangers -

"Les étrangers sont très prudents sur la dette souveraine française à l'approche des élections" et ces mouvements peuvent être accentués au gré des sondages, a-t-il complété.

Selon le Financial Times, les investisseurs japonais ont en effet nettement accru en février leurs ventes de titres de dette française, se délestant de quelque 13,4 milliards d'euros d'obligations, échaudés par la progression dans les sondages de la candidate du Front national.

"Le mouvement de détente" observé sur le taux allemand est par ailleurs "dans la lignée des dernières semaines, avec certains éléments déclencheurs comme par exemple les chiffres d'inflation en Europe ou la baisse du pétrole", a ajouté l'expert.

Selon lui, les déclarations du président de la Banque centrale européenne (BCE) qui a laissé entendre que la remontée des taux n'interviendrait pas avant la fin du programme de rachats d'actifs ont également participé de ce mouvement.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne a fini en recul à 0,207% contre 0,228% vendredi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France est monté en revanche à 0,931% contre 0,893%, tandis que celui de l'Italie a progressé à 2,241% contre 2,220%.

Le taux d'emprunt à dix ans de l'Espagne a pour sa part fini quasiment inchangé à 1,613% contre 1,614%.

En dehors de la zone euro, le taux britannique à 10 ans a aussi très peu bougé à 1,077% contre 1,075%.

A la clôture du marché européen, aux États-Unis, le taux à dix ans se détendait à 2,351% contre 2,382%, comme le taux à trente ans qui reculait à 2,978% contre 3,008%, tandis que le taux à deux ans s'affichait à 1,264% contre 1,286%.

afp/rp