Pour commencer, il faut savoir qu'un split n'a absolument aucun impact sur la valeur de l'entreprise. S'il faut imager le processus, c'est comme si on prenait un même gâteau qu'on divisait en davantage de parts. Les précédents actionnaires garderont pour eux exactement la même part du gâteau au prorata des titres qu'ils détiennent. Par exemple lors d'un split par 4, mon action à 1000 EUR sera automatiquement remplacée dans mon portefeuille par quatre actions de 250 EUR.

On peut citer cinq principaux avantages à un split :

  • Il permet d'améliorer sensiblement la liquidité du titre et ainsi de faciliter les transactions pour les actionnaires particuliers ou les petits actionnaires institutionnels, autant à l'entrée qu'à la sortie, complète ou partielle. Si l'impact en termes de liquidité est somme toute limité avec des capitalisations géantes comme Amazon ou Google, il est en revanche considérable pour des petites capitalisations dont le prix de l'action est monté à 5 ou 6 chiffres.
  • Pour les gros investisseurs institutionnels, cela peut réduire de manière tout aussi considérable les coûts de transaction — car l'augmentation massive de la liquidité réduit le spread entre le prix offert et le prix demandé. C'est une donnée négligeable lorsqu'on investit de petites sommes, mais un tel spread de quelques centimes ou dizaines de centimes peut coûter très cher aux institutionnels sur des transactions en centaines de millions ou en milliards.
  • Généralement, et diverses études académiques l'ont prouvé, les entreprises qui "splittent" leur action bénéficient d'une valorisation redynamisée dans les mois qui suivent, peut-être parce que le stigma "action chère", aussi infondé soit-il, n'existe plus, suscitant de nouveau l'intérêt du public.
  • Cela simplifie la gestion des rémunérations en stock-options, en particulier pour les entreprises technologiques qui les utilisent massivement y compris pour toutes sortes de positions subalternes.
  • Enfin, les actions qui "splittent" ont tendance à afficher de plus beaux parcours que les autres, comme le montre le graphique qui suit réalisé par BofA. Cela s'explique bien sûr par le fait que les titres qui montent suffisamment haut pour prétendre à un split sont déjà ceux des entreprises qui fonctionnent bien et qui surperforment le marché.
Les fractionnements d'actions sont historiquement haussiers - Performance moyenne du S&P 500 vs entreprises ayant annoncé un split sur 3/6/12 mois
Les fractionnements d'actions sont historiquement haussiers - Performance moyenne du S&P 500 vs entreprises ayant annoncé un split sur 3/6/12 mois

Il y a aussi quelques éléments négatifs à intégrer :

  • En cas de contrariété opérationnelle ou financière au niveau de l'entreprise, cela peut impacter de manière dommageable son image auprès du public. Prenons par exemple, une entreprise dont le titre était à 1000 USD, qui splitte en 10 pour le descendre à 100 USD. Survient alors une actualité compliquée ou une mauvaise nouvelle, qui fera baisser le titre à 40 ou 50 USD : même si la capitalisation boursière reste identique, la perception du public ne sera pas la même.
  • Dans certains cas spécifiques, cette opération peut contribuer à baisser la qualité de l'actionnariat, en attirant un nouveau public plus volatile et moins familier de l'entreprise. C'est la raison pour laquelle Warren Buffett s'est pendant des décennies opposé au split de l'action Berkshire Hathaway. Un ticket d'entrée plus élevé lui servait à "faire le tri" et assurait quelque part de n'attirer que des actionnaires acquis à sa cause, bien familiers de la philosophie de Berkshire, et au capital pour le long ou très long terme. L'action Berkshire vaut 471 500 USD à l'heure où ces lignes sont écrites. Il existe bien une action B, plus accessible, qui cote 313,66 USD, mais elle a incontestablement moins de cachet – et de poids – que la "vraie" action.
  • Enfin, et c'est un inconvénient anecdotique car il se cantonne aux petites capitalisations, l'opération peut entraîner un coût administratif non-négligeable.