"Nous pensons que cette large victoire fournit à Bolsonaro un capital politique important pour démarrer son mandat", expliquent de concert Joao Pedro Ribeiro et Mario Castro, spécialistes de l'Amérique Latine chez Nomura. Le retour au pouvoir de la droite, après quatre mandats de gauche, s'explique par les scandales de corruption à répétition au sein du pouvoir et par une situation économique peu enviable : -1,4% en moyenne chaque année pour le PIB depuis 2014 avec un chômage élevé et des services publics en déliquescence, des performances indignes d'une des grandes économies émergentes censément être parmi les plus trois ou quatre plus prometteuses de la planète. Pour le duo de Nomura, Bolsonaro devrait bénéficier au début de son mandat d'un contexte politique favorable et d'une croissance plus robuste. Comme dans beaucoup d'autres endroits, cet alignement des planètes va rapidement se confronter à la nécessité d'engager des réformes impopulaires et à l'architecture parlementaire complexe du Brésil, une trentaine de partis parmi les 513 députés et 81 sénateurs.
 
Au niveau politique, le programme mérite d'être affiné, même si l'on sait déjà qu'il reposera sur une libéralisation et des réformes, à commencer par les retraites. "Nous continuons à penser qu'il est compliqué à ce stade d'appréhender la teneur de la profondeur et de la stratégie sur les réformes que le Président Bolsonaro va mettre en place, même si la transition post-élection devrait apporter des clarifications", jugent Ribeiro et Castro, dont le scénario central mise sur une réforme fiscale dont l'ampleur reste à déterminer.
 
 
Parcours comparés des principaux indices brésilien, français et américain (Cliquer pour agrandir)
 
Une perception très positive de l'élection
 
Pour Gustavo Rangel, chez ING, l'élection de Bolsonaro devrait doper le sentiment positif des investisseurs et renforcer l'attractivité des actifs locaux. "J'estime que l'optimisme du marché connaîtra un test important à la fin du 1er trimestre 2019, quand les doutes concernant la capacité de Bolsonaro à faire passer des réformes impopulaires se matérialiseront", précise l'économiste, qui pense qu'il y aura bien une "lune de miel", mais que sa durée sera limitée. Beaucoup d'institutions financières, fort frileuses jusqu'ici, ont changé leur fusil d'épaule depuis la semaine dernière. Les stratégistes d'UBS entrevoient une phase haussière qui pourrait doper les indices de 40% au Brésil. Citi et Schroders sont sur la même longueur d'ondes et recommandent de renforcer l'exposition au pays.