Brasilia (awp/afp) - La Banque centrale du Brésil a maintenu mercredi son taux directeur à son plancher historique de 2%, pour tenter de relancer une économie encore affectée par la crise du coronavirus.

Cette décision, prise à l'unanimité par les membres du Comité monétaire de la Banque centrale, le Copom, est conforme aux attentes des spécialistes, malgré la hausse récente de l'inflation.

Principal outil de lutte contre l'inflation, le taux directeur avait déjà été maintenu à 2% lors de la dernière réunion du Copom, qui avait mis fin à un cycle de neuf baisses consécutives.

Les analystes prévoient que le taux sera maintenu à 2% au moins jusqu'à la fin de l'année, mais estiment qu'il pourrait être relevé à 2,75% courant 2021.

Le dernier indice IPCA-15, qui mesure l'inflation sur un mois jusqu'à la première quinzaine d'octobre, s'élevait à 0,94%, au plus haut depuis 1995 pour un mois d'octobre.

En septembre, les prix à la consommation avaient augmenté de 0,64%, la plus forte inflation depuis 2013.

Les spécialistes consultés dans le cadre de l'enquête hebdomadaire Focus de la Banque centrale tablent sur une inflation à 2,99% pour l'année 2020, contre 2,65% la semaine dernière.

Mais cette prévision reste en-dessous de l'objectif de 4% fixé par le gouvernement, avec un plancher à 2,5%.

L'inflation devrait continuer à augmenter ces prochains mois, notamment en raison de la hausse des exportations agricoles, stimulées par la dépréciation du réal brésilien, ce qui pourrait ouvrir la voie vers un relèvement du taux directeur en 2021.

Mercredi, la Bourse de Sao Paulo a chuté de 4,2% et le réal s'échangeait à 5,75 dollars, sa pire dépréciation depuis le 15 mai, notamment en raison de la répercussion sur l'économie mondiale de la deuxième vague de coronavirus en Europe, avec un reconfinement en France et en Allemagne.

Le Brésil est entré en récession au deuxième trimestre, avec une contraction de 9,7% du Produit Intérieur Brut (PIB), un record, mais les prévisions étaient initialement plus pessimistes.

Début octobre, le Fonds Monétaire International (FMI) a prévu une contraction de 5,8% pour 2020, alors qu'il prévoyait une chute de 9,1% en juin.

Le Brésil est parvenu à amortir relativement le choc grâce aux aides massives accordées par le gouvernement, notamment des allocations versées aux plus pauvres, atténuant ainsi l'effondrement de la demande.

"La reprise est plus rapide que prévu", estime Alex Agostini, du cabinet de consultants Austin Rating.

"Mais il y a des doutes quant au maintien du programme d'aides en 2021, parce que le gouvernement doit respecter un plafond de dépenses et a déjà la corde au cou", avec une dette publique qui s'approche de 100% du PIB.

afp/rp