La perspective de voir la Grèce faire faillite, revenue sur le devant de la scène après des propos de responsables politiques allemands, plombe une nouvelle fois les places boursières mondiales et l'euro.

"Non, nous ne travaillons pas sur une telle hypothèse (d'un défaut grec)", a déclaré un porte-parole d'Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires.

De son côté, le porte-parole du gouvernement allemand a souligné que les instruments en vue d'une faillite organisée de la Grèce n'étaient pas actuellement disponibles.

Steffen Seibert a cependant ajouté que qu'il y avait une grande proximité de points de vue entre la chancelière Angela Merkel et le ministre de l'Economie Philipp Rösler sur la crise de la zone euro.

Ce dernier, également chef de file des libéraux du FDP, partenaire de la CDU d'Angela Merkel au sein de la coalition au pouvoir à Berlin, a estimé qu'un éventuel défaut de la Grèce n'était plus un sujet tabou.

Ce sont ces déclarations, en plus d'un article paru ce week-end dans le magazine Spiegel disant que le ministère des Finances allemand planchait sur plusieurs scénarios dont celui d'une sortie de la zone euro de la Grèce, qui donnent l'impression que le soutien à Athènes des pays de la zone euro s'émousse.

LA PROCHAINE TRANCHE EST VITALE

"Nous avons des marges de manoeuvre en octobre. Nous essayons de faire en sorte que l'Etat puisse continuer à fonctionner sans problèmes", a précisé Filippos Sachinidis lors d'un entretien accordé à la chaîne de télévision Mega.

Ces déclarations vont dans le même sens que d'autres propos, tenus sous le sceau de l'anonymat par des responsables grecs, disant que les coffres du pays seraient vides d'ici quelques semaines.

Ils soulignent ainsi la nécessité pour Athènes de remplir les conditions lui permettant d'obtenir le versement de la prochaine tranche dans le cadre d'un plan d'aide international en cours.

Les créanciers internationaux de la Grèce avaient menacé la semaine dernière de suspendre le versement de la tranche d'aide de 8 milliards d'euros en raison de ses errements budgétaires.

La Grèce a annoncé dimanche une nouvelle taxe immobilière, destinée à aider Athènes à respecter son objectif de déficit budgétaire et, de ce fait, à tâcher de garantir que lui soit versée la prochaine tranche du programme d'aide internationale dont bénéficie le pays. (voir )

Le Commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a salué la décision d'Athènes, en soulignant que c'était un grand pas dans la bonne direction.

L'Allemagne veut stabiliser la zone euro dans son ensemble mais si la Grèce ne remplit pas les conditions fixées par ses créditeurs internationaux dans le cadre de son plan d'aide, cela conduira automatiquement au non-versement de la prochaine tranche d'aide, a poursuivi Steffen Seibert, le porte-parole du gouvernement allemand.

Il a ajouté que seule la mission de la "troïka" envoyée en Grèce pouvait juger si Athènes en fait assez, soulignant que l'Allemagne partait du principe que le pays faisait tout ce qu'il fallait pour remplir ses obligations.

Brian Rohan et Stephen Brown, Angeliki Koutantou à Athènes et Julien Toyer à Bruxelles, Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Gregory Schwartz