Zurich (awp) - Stadler Rail a décroché une commande d'envergure, la plus importante de son histoire, aux Etats-Unis. Le fabricant thurgovien de matériel ferroviaire, qui prévoit d'entrer en Bourse, livrera 127 rames composées de deux voitures pour le métro d'Atlanta, pour un montant dépassant les 600 millions de dollars (591 millions de francs suisses), hors options.

Historique également au titre de première commande d'envergure pour des métros aux Etats-Unis, l'ordre s'accompagne de deux options de 25 rames chacune, a précisé vendredi l'entreprise sise à Bussnang. Les nouvelles compositions circuleront à compter de 2023 sur la ligne desservant le plus grand aéroport du monde, Hartsfield-Jackson Atlanta International Airport.

Neuvième métropole des Etats-Unis, Atlanta abrite notamment les sièges de Coca-Cola, United Parcel Services (UPS), CNN et Delta Airlines. L'aire urbaine, qui recense plus de 5,8 millions d'habitants, dispose de l'un des plus importants réseaux de métro du pays de l'Oncle Sam. Les 127 rames seront produites sur le nouveau site de Stadler Rail à Salt Lake City.

Actuellement, Stadler Rail produit des rames de métro pour les villes de Minsk, de Barcelone, Berlin, Glasgow et Liverpool. La première commande remonte à 2015, un ordre passé par les transports publics de la capitale allemande dans laquelle le groupe a fondé en 2000 Stadler Pankow avec Adtranz, la division véhicules ferroviaires de l'Allemand Daimler Chrysler, qui sera elle-même reprise quelques mois plus tard par le Canadien Bombardier.

Entrée en Bourse

La nouvelle commande tombe à pic pour l'entreprise thurgovienne qui pour rappel a fait part il y a dix jours de son intention d'entrer à la Bourse suisse ces prochains mois. Peter Spuhler, président du conseil d'administration et propriétaire de 80% des parts du groupe qu'il a racheté il y a une trentaine d'année, entend toutefois en demeurer l'actionnaire de référence avec un minimum de 40% du capital-actions.

Fondé en 1942, le bureau d'ingénieurs créé à Zurich par Ernst Stadler a connu des débuts modestes. Acquise en 1989 par Peter Spuhler, l'entreprise, qui s'est muée en un fabricant de matériel ferroviaire sous la houlette de l'ex-conseiller national (UDC/TG), affiche depuis plus de 20 ans une croissance insolente.

Quelques chiffres suffisent à témoigner du développement fulgurant du groupe établi depuis 1962 à Bussnang, dans le canton de Thurgovie. En 1989, le fabricant de locomotives de manoeuvre compte 18 salariés et dégage des revenus de 4,5 millions de francs suisses. Devenu un constructeur de trains, de trams et de métros employant quelque 8500 collaborateurs, dont près de 3000 en Suisse, Stadler a vu ses ventes se hisser à 2 milliards l'an dernier.

A fin 2018, le carnet de commandes s'affichait lui à 13,2 milliards de francs suisses, laissant augurer des ventes de pas moins de 4 milliards à l'horizon 2020. Le dernier fabricant helvétique de matériel ferroviaire joue dans la cour des grands du secteur affrontant non sans succès des poids lourds tels que Siemens, Alstom ou Bombardier, sans compter les géants chinois CSR et CNR ou encore le japonais Kawasaki.

Envol

A la faveur d'une expansion et de quelques acqusitions ciblées, le constructeur de Suisse orientale s'est véritalbement engangé sur les rails d'une fulgurante croissance en 2008. Sur la base de sa première rame articulée, baptisée GTW et présentée en 1995, Stadler s'est tout d'abord assuré une place sur le marché helvétique du trafic régional, parvenant à écouler quelque 600 unités de ce modèle.

L'expansion, en particulier à l'international, est surtout venue avec le développement de la génération suivante, les compositions Flirt, la première commande, venue des CFF, remontant à 2002. Depuis, Stadler a trouvé preneur pour plus de 1700 unités de ce véritable bestseller et cela dans 17 pays.

Développée plus tard sur la base des rames Flirt, la version Kiss à deux étages s'est elle écoulée à quelque 300 exemplaires dans 11 pays. Depuis sa création en 1942, le constructeur de Suisse orientale a vendu plus de 8000 rames de trains et locomotives dans 41 pays. Les véhicules dont Stadler assure la maintenance parcourent chaque année plus de 170 millions de kilomètres.

Après s'être lancée dans les trains régionaux, puis les intercités à deux étages, la société a aussi misé sur de nouveaux marchés comme la Russie ou les Etats-Unis. En 2010, elle voit toutefois son élan freiné, échouant dans son ambition de livrer 58 trains aux CFF, un appel d'offres remporté par la canadien Bombardier et dont la livraison peine cependant à se concrétiser.

Ambition dans la grande vitesse

La firme obtient cependant sa revanche quatre ans plus tard. Le groupe doit livrer cette année aux CFF les premières des 29 rames à grande vitesse "Smile" destinées au trafic international à travers le tunnel de base du Gothard.

vj/al