SEOUL, 11 avril (Reuters) - L'opposition libérale a réalisé un raz-de-marée lors des élections législatives organisées mercredi en Corée du Sud, montrent les résultats préliminaires, ce qui constitue un revers retentissant pour le président Yoon Suk-yeol et son parti conservateur.

Le Parti démocrate (PD), principal parti de l'opposition libérale et majoritaire au Parlement sortant, est crédité de 170 des 300 sièges de la législature, selon des données de la commission électorale nationale et des chaînes de télévision après dépouillement de la quasi-totalité de bulletins de vote.

Il est attendu que le parti libéral dissident formé par l'ancien ministre de la Justice, Cho Kuk, qui a émergé comme un outsider pour le scrutin, remporte au moins 10 sièges.

"En me choisissant, vous, les électeurs, avez pris une décision contre l'administration de Yoon Suk-yeol et donnez au Parti démocrate le devoir d'assumer la responsabilité du gagne-pain de la population et de créer une société meilleure", a déclaré le chef de file du PD, Lee Jae-myung.

Ce dernier a remporté un siège dans la ville d'Incheon, à l'ouest de la capitale Séoul, au détriment d'un candidat conservateur de premier plan considéré comme un grand allié du président sud-coréen.

Le scrutin, épilogue d'une campagne électorale tendue, était considéré par certains analystes comme un référendum à l'égard de Yoon Suk-yeol, arrivé au pouvoir en mai 2022 et dont la popularité a chuté du fait de la crise du pouvoir d'achat et de scandales politiques.

Après avoir été nombreux à faire campagne en déplorant une gestion économique jugée désastreuse et en reprochant au président son refus de reconnaître l'inconduite de son épouse en acceptant un sac Dior comme cadeau, des candidats victorieux de l'opposition ont évoqué un "verdict" contre Yoon Suk-yeol.

La Première dame, Kim Keon, n'est plus apparue en public depuis le 15 décembre dernier et n'était pas au côté de Yoon Suk-yeol lorsque celui-ci a voté, étayant l'idée avancée par certains analystes et membres de l'opposition que Keon est devenue un sérieux problème politique pour le président et son Parti du pouvoir populaire (PPP).

Le PPP est donné victorieux d'une centaine de sièges seulement, ce qui signifierait toutefois que l'opposition n'obtiendra pas la super-majorité des deux tiers nécessaire pour outrepasser tout veto présidentiel et faire adopter des amendements constitutionnels.

Mais, aux yeux de certains analystes, Yoon Suk-yeol devrait désormais se retrouver dans une situation de "canard boiteux", à l'orée de la troisième de ses cinq années de mandat.

Les résultats officiels doivent être communiqués plus tard ce jeudi. D'après la commission électorale, le taux de participation est de 67%, soit un record pour des législatives. (Reportage Jack Kim, Hyonhee Shin, Sebin Choi, Daewoung Kim et Josh Smith; version française Jean Terzian)

par Jack Kim et Hyonhee Shin