par Chang-Ran Kim, Soyoung Kim et Yumiko Nishitani

Selon un porte-parole du constructeur japonais, le nombre de véhicules en cours de rappel en raison de problèmes d'accélération intempestifs se monte à 9,1 millions, soit plus que le total des ventes du groupe l'an dernier.

Auparavant, le directeur de la qualité de Toyota, Shinichi Sasaki, avait déclaré lors d'une conférence de presse ne pas savoir quel serait le coût final de l'opération de réparation des accélérateurs défectueux, mais il avait reconnu que les ventes souffraient.

Il s'agit du premier commentaire public d'un dirigeant du siège social de Toyota.

Shiniki Sasaki, qui s'est présenté seul devant plus de 100 journalistes, a déclaré que l'impact sur les ventes avait été plus fort que lors de précédents rappels.

"La prévision de ventes est quelque chose qui nous préoccupe terriblement", a déclaré Shinichi Sasaki lors d'une conférence de presse à Nagoya.

"J'entends dire déjà que les ventes ont été quelque peu affectées en janvier", a-t-il ajouté.

Toyota doit annoncer dans la soirée ses ventes en volume aux Etats-Unis pour janvier. Elles sont attendues en forte baisse après le retrait la semaine dernière de huit de ses modèles les plus vendus, décidé après une série d'accidents liés à des accélérations fortuites.

Toyota doit présenter ses résultats trimestriels jeudi. Son exercice fiscal se termine au 31 mars.

COUTS INDIRECTS À CHIFFRER

Lundi, le numéro un mondial de l'automobile a détaillé son plan pour régler le problème de ses pédales d'accélérateur : il équipera chaque véhicule concerné d'une petite cale de métal destinées à empêcher des accélérations accidentelles.

Un autre problème d'accélération est lié à des tapis de sol glissants.

L'action Toyota a gagné après de 5% mardi à la Bourse de Tokyo à la suite de cette annonce. L'action avait dégringolé de 18% au cours des sept séances précédentes.

Toyota, qui s'efforce de préserver sa réputation de qualité, a annoncé que la production de huit modèles, dont la Camry, la Corolla et le 4x4 Rav4, reprendrait lundi prochain après une semaine de fermeture sans précédent de six usines aux Etats-Unis et au Canada.

Le mois dernier, le groupe avait déclaré prévoir une hausse de 6% des ventes mondiales d'automobiles cette année, mais ces chiffres ne tiennent pas compte des conséquences du rappel.

Les estimations du coût du rappel et de l'arrêt de la production vont de 100 à 200 milliards de yens (790 millions à 1,6 milliard d'euros) selon certains analystes.

"Toyota doit encore s'exprimer au sujet des coûts indirects, tels que les frais liés à des procédures contentieuses et le coût des ristournes (qui seront consenties) pour regagner la clientèle", souligne l'analyste de JPMorgan Kohei Takahashi.

Le patron de Toyota, Akio Toyoda, petit-fils du fondateur, ne s'est pas encore exprimé en public. Il a simplement brièvement présenté ses excuses à la clientèle lors d'une émission de la chaîne de télévision NHK alors qu'il se trouvait au Forum économique mondial de Davos.

Pour Koji Endo, d'Advanced Research Japan, la direction du groupe pèche par manque de communication.

"Je n'ai jamais vu Toyota comme cela. Jusqu'à il y a peu, ils avaient une culture de réaction rapide face aux problèmes. Mais l'impression que j'ai maintenant, c'est que les relations publiques ne fonctionnent pas très bien", a-t-il déclaré.

Toyota et le fournisseur de la pédale défectueuses, l'américain CTS, vont devoir faire face à un nombre croissant de procédures accusant le constructeur d'avoir tardé à réagir pour régler le problème.

Version française Danielle Rouquié, édité par Marc Angrand