Berne (awp/ats) - La Suisse est le pays qui a déposé le plus de demandes de brevets par habitant auprès de l'Office européen des brevets (OEB) en 2023. En chiffres absolus, la Confédération se trouve à la 3e place en Europe et la 7e dans le monde, selon le Patent Index 2023, publié mardi par l'organisme. Les cantons de Zurich, Vaud et Bâle-Ville se démarquent en particulier.

L'OEB, basé à Munich, a enregistré 199'275 demandes de brevets l'année dernière, soit le plus grand nombre jamais atteint. Les candidatures sont en hausse pour la troisième année consécutive, avec une progression de 2,9%.

Sur ce total, 9'410 demandes émanaient d'entreprises ou de particuliers suisses. Le pays arrive ainsi à la première place du classement des demandes par habitant, avec 1085 demandes par million d'habitants. C'est plus que le double de la Suède, classée 2e avec 495 dépôts par million d'habitants. Cette valeur est considérée comme "un indicateur essentiel de la force d'innovation d'un pays", selon le communiqué de l'OEB.

Une procédure de trois à quatre ans

Interrogé par l'agence de presse Keystone-ATS, l'Office précise que les demandes suisses émanent d'un grand nombre d'entreprises issues des secteurs les plus divers. C'est un signe que la Suisse dispose d'un "portefeuille technologique largement diversifié", porté "par un mélange avantageux" de grandes entreprises leaders au niveau mondial, de PME innovantes et de hautes écoles fortement orientées vers la recherche.

D'après l'OEB, les procédures d'examen durent entre trois et quatre ans. L'institution emploie quelque 4000 vérificateurs, spécialisés dans différents domaines technologiques, qui étudient chaque dossier envoyé. Environ la moitié des demandes déposées obtient ensuite un brevet européen. En 2023, l'OEB a délivré 4161 brevets à des entreprises suisses, soit 40% de plus que l'année précédente.

Les inventrices mises en avant

Pour la première fois, le rapport de l'OEB met en avant la contribution des femmes à l'innovation. En Suisse, 29% des demandes de brevets mentionnaient au moins une inventrice. Les pays avec la plus grande part de demandes comprenant au moins une femme sont l'Espagne (46%), la France (33%) et la Belgique (32%).

La technique médicale est le premier domaine d'innovation en Suisse, avec 1010 demandes déposées. Viennent ensuite les biens de consommation (965) et les techniques de mesures (771) pour compléter le podium. Les entreprises pharmaceutiques sont donc bien représentées dans les classements. Hoffmann-La Roche occupe la première place parmi les entreprises ayant déposé le plus de demandes, la deuxième revenant à Japan Tobacco International et la troisième à Philip Morris.

Ecosystèmes d'innovation

Parmi les cantons, six atteignent le classement des vingt-cinq régions les plus prolifiques dans les pays membres de l'OEB : Zurich, Vaud, Bâle-Ville, Zoug, Genève et Neuchâtel. Selon Rainer Osterwalder, directeur des relations avec les médias de l'OEB, ces régions se démarquent grâce à la présence d'universités, qui sont des "centrales d'innovations", ou grâce à des "écosystèmes d'innovation" qui gravitent autour de grandes entreprises et entretiennent des liens étroits avec les milieux académiques.

Au niveau global, l'Europe prend progressivement du retard dans le monde de l'invention. Rainer Osterwalder souligne que si le nombre net de brevets déposés augmente, la part de demandes provenant des 39 Etats-membres de l'OEB diminue par rapport à des acteurs extérieurs, comme la Chine, les Etats-Unis et la Corée du sud, qui peuvent également déposer des demandes auprès de l'organisation.

Les entreprises et particuliers américains sont les premiers utilisateurs du système européen, avec 24,2% du total des demandes émanant des Etats-Unis. La Corée du sud en particulier a connu une forte croissance en 2023, avec une augmentation de 21% de ses demandes par rapport à 2022. La Chine a également progressé de 8,8%.

"Pour l'OEB, il est grand temps qu'on continue de faire des efforts dans certains domaines pour ne pas perdre pied dans l'innovation globale", insiste Rainer Osterwalder. Il appelle la communauté européenne et les Etats membres à investir dans des programmes de soutien à l'innovation.

ats/vj