Des produits et services pour faire évoluer les réseaux télécom de nouvelle génération (source : société)

Didier Bredy, quelle est la situation de votre marché et votre vision pour les années à venir ?  

" Nous sommes positionnés dans les couches 1, 2 et 3 du réseau. La couche 1, le transport optique, est un marché mondial qui pèse 15Md$, en croissance annuelle de 5 à 10% malgré les crises qui se succèdent compte tenu de la hausse de la demande passante (plateformes vidéo, 5G, etc.). Ekinops surperforme ce marché avec une croissance de l’ordre de 30% grâce à un positionnement sur des niches moins bien adressées par de grands acteurs comme Nokia, Ciena, Huawei. Sur les couches 2 et 3, la commutation et le routage, le marché est plutôt stable et dominé par Cisco. Là aussi nous surperformons, avec une croissance cette année de plus de 20% grâce à un positionnement à plus forte valeur ajoutée. 

Dans les années à venir, le marché du transport optique devrait continuer de bien se porter et Ekinops d’apporter des solutions abordables et performantes. En revanche, dans les couches 2 et 3, nous devrions voir s’accélérer le phénomène de virtualisation des réseaux via le remplacement des routeurs et équipements wifi, pare-feu, voix, etc. par un unique équipement, une sorte de PC que l’on appelle white box. Ce matériel, assez peu sophistiqué, fait cependant appel à des couches logicielles à l’image des applications que l’on installe sur un smartphone. Nous estimons être particulièrement bien positionnés sur ce type de solutions, notamment au travers de notre système d’exploitation OneOS6, avec quelques gains de beaux contrats dernièrement." 

La part des services et logiciels dans votre CA augmente régulièrement. Comment peut-on la projeter en termes de niveau et de marges ? 

" Effectivement, au premier semestre 2022 notre activité Logiciels & Services a connu une croissance de 47% et représente désormais 15% du chiffre d'affaires du groupe sous l’effet du succès des solutions SDN (Software Defined Networks) et de virtualisation. Nous espérons réaliser un peu plus de 15% cette année sur les services et logiciels et plus d’un quart de notre activité dans les années à venir. La marge  avoisine les 100% sur cette partie de l’activité et elle contribue au maintien de la marge brute sur l’ensemble du groupe à environ 53%, ce qui constitue un haut niveau dans notre secteur. Aujourd’hui, notre taille modeste dans le secteur reste le principal frein à notre développement et nous serions prêt à faire des efforts sur nos prix pour conquérir de nouveaux marchés."

Et en termes de marges d’EBITDA et d’EBIT, quel est votre potentiel d’amélioration ? 

" En théorie, nous devrions pouvoir dégager des effets d’échelle, notamment en réduisant le poids de la R&D par rapport à notre chiffre d’affaires, qui s’élève aujourd’hui à 25%. Cependant, encore une fois, compte tenu de notre taille, nous préférons donner la priorité à la croissance et l’investissement dans la technologie. Ainsi, nous investissons actuellement très fortement dans notre offre SD-WAN car nous sommes convaincus que c’est un excellent moyen d’accélérer la croissance dans l’Accès et d’améliorer notre profitabilité.   

Quant à notre marge d’EBIT, elle est temporairement freinée par l’amortissement des immobilisations incorporelles comptabilisées lors de l’acquisition de OneAccess et devrait mécaniquement s’accroître à moyen terme. " 

Quel est l’impact de la hausse du dollar américain et de la crise des composants sur vos comptes ? 

" Sur le dollar, l’impact est positif sur notre chiffre d’affaires en euros et neutre sur notre marge brute, nos achats en dollars neutralisant nos ventes en dollars. L’effritement de l’ordre de 2 points de notre marge brute au 1er semestre, de 55% à 53%, est à mettre sur le compte de la crise des composants. Nous considérons cet impact très limité pour Ekinops au regard de l’ampleur de ce phénomène inédit et de ce sur quoi la concurrence a pu communiquer. Cela tient à notre investissement dès le début de l’année 2020 dans plusieurs millions d’euros de stocks de composants supplémentaires afin de nous assurer 12 à 18 mois de visibilité sur nos approvisionnements, contre 3 à 6 mois auparavant. Cela a favorisé nos gains de parts de marché face à des concurrents incapables de livrer et nous avons malgré tout réussi à répercuter une grosse partie des hausses des prix de revient. Du reste, cela nous assure une visibilité inédite car à l’heure actuelle les clients sont plus transparents dans leurs commandes afin de faciliter notre travail d’anticipation. "

Des objectifs 2022 relevés cet été à l’occasion des résultats semestriels (source : société)

Travaillez-vous sur des acquisitions ? De quel type et avec quels moyens ? 

" Absolument. Encore une fois, il nous faut grossir pour peser davantage sur le marché et rassurer nos clients quand il s’agit de nous confier des commandes importantes. Nous sommes à l’affut de nouvelles acquisitions dans les équipements ou les services, toujours en gardant une offre différenciée. Actuellement en situation d’endettement net négatif, avec plus de 15 M€ de trésorerie nette, disposant d’un gros levier d’endettement et pouvant compter sur nos actionnaires de référence, Ekinops a la capacité de réaliser une opération majeure, d’autant plus que les prix de vente des cibles sont devenus un peu plus raisonnables qu’il y a quelques mois." 

Quel est votre intéressement financier au succès de l’entreprise ? 

" Ayant rejoint le projet Ekinops en cours de route en 2005, je suis surtout intéressé au succès de l’entreprise par le biais des plans d’actions gratuites votés tous les 3 à 4 ans. Au côté d’autres managers du groupe, nous détenons 3.4% des actions et potentiellement 9.3% en cas de dilution complète qui comprend en autre les salariés du Groupe."

Actionnariat et données boursières(source :société)