* Aucun parti ne devrait obtenir la majorité absolue

* Berlusconi et ses alliés devraient avoir le plus de sièges

* Le M5S anti-système a le vent en poupe-sondages

* Graphique : http://tmsnrt.rs/2BYcnIm

par Crispian Balmer

ROME, 4 mars (Reuters) - Les Italiens votent dimanche pour renouveler leur Parlement, un scrutin à l'issue incertaine et qui ne devrait permettre à aucun parti d'obtenir à lui seul une majorité nette pour gouverner.

Au terme d'une campagne marquée par les thèmes du chômage élevé et de l'immigration, l'alliance de droite formée par Forza Italia de l'ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, le petit parti libéral Noi con l'Italia (Nous avec l'Italie) et les partis d'extrême droite de la Ligue du Nord de Matteo Salvini et de Fratelli d'Italia (Frères d'Italie), devrait obtenir la majorité des sièges mais sans doute pas la majorité absolue, selon les derniers sondages publiés.

La formation anti-système de Beppe Grillo, le Mouvement Cinq Etoiles (M5S), a le vent en poupe et devrait ressortir comme le parti obtenant à lui seul le plus de sièges. Désormais dirigée par le jeune Luigi Di Maio, 31 ans, le M5S a profité du mécontentement au sujet de la corruption et d'un sentiment de paupérisation.

Le Parti démocrate (PD, centre gauche) au pouvoir devrait arriver en troisième position.

"Il y a eu un mouvement en faveur de Cinq Etoiles lors des derniers jours de la campagne, mais il sera difficile à n'importe quel parti ou coalition d'obtenir les 40% nécessaires pour former un gouvernement", commente Lorenzo Pregliasco, co-fondateur de l'institut de sondages YouTrend.

Les bureaux de vote ouvriront à 7h00 (06h00 GMT) et fermeront à 23h00 (22h00 GMT). Les premières estimations de résultats à partir des sondages réalisés à la sortie des urnes seront publiées dans la foulée.

Le nouveau système électoral mis en place pour ces élections législatives et sénatoriales étant plutôt complexe, le résultat définitif pourrait ne pas apparaître clairement avant lundi soir.

Ce système adopté fin 2017 prévoit que 37% des sièges sont alloués au scrutin majoritaire uninominal à un tour, 61% à la proportionnelle et 2% aux Italiens de l'étranger. Les coalitions devront obtenir 10% des voix au niveau national pour entrer au Parlement, le seuil étant fixé à 3% pour les partis qui font cavalier seul.

REVENU UNIVERSEL

La campagne a marqué le retour en première ligne de Silvio Berlusconi, 81 ans. Président du Conseil des ministres à trois reprises entre 1994 et 2011, celui qu'on surnommait il Cavaliere a été contraint de quitter la tête du gouvernement en 2011 au plus fort de la crise de la dette souveraine.

Etant inéligible en raison d'une condamnation pour fraude fiscale en 2013, Silvio Berlusconi s'est choisi un représentant, Antonio Tajani, le président du Parlement européen, qui prendra la tête du gouvernement si la coalition de droite l'emporte dimanche.

Le profil modéré d'Antonio Tajani vise à rassurer les partenaires européens de l'Italie qui craignent le populisme qui émane de l'alliance, notamment celui de la Ligue, dont le secrétaire fédéral Matteo Salvini a promis d'expulser les 600.000 migrants arrivés en Italie par bateau ces quatre dernières années.

Certains instituts de sondage donnent un nombre de sièges plus important à la Ligue qu'à Forza Italia.

Le M5S a particulièrement réussi à profiter du mécontentement issu de la situation économique difficile du Sud italien. Il a promis un revenu universel mensuel de 780 euros pour les pauvres.

"Il y a un sentiment de colère et un manque de confiance dans une partie de l'électorat. Il faudra voir si cela se traduit par de l'abstention ou par un vote de protestation pour Cinq-Etoiles ou pour la Ligue", commente Lorenzo Pregliasco.

Si les prévisions se confirment et qu'aucune majorité de gouvernement n'apparaît clairement dimanche, la formation d'un gouvernement risque de prendre plusieurs semaines.

Le président de la République Sergio Mattarella n'est pas autorisé à lancer des discussions formelles sur la constitution d'une coalition avant l'entrée en fonction du nouveau Parlement le 23 mars. Le prochain chef du gouvernement devra obtenir la confiance des deux chambres pour pouvoir commencer à travailler.

(Danielle Rouquié pour le service français)