PARIS, 17 juin (Reuters) - Le ministre de l'Education nationale a jugé "incompréhensible" lundi l'appel à la grève contre ses réformes, le jour des épreuves inaugurales du baccalauréat, et assuré que la session se déroulerait normalement.

Plusieurs syndicats d'enseignants ont déposé un préavis de grève pour marquer leur opposition à la réforme du bac prévue en 2021 et à la loi pour "une école de la confiance" qui prévoit notamment des regroupements de classes d'un collège et d'une ou plusieurs écoles dans le cadre d'établissements "des savoirs fondamentaux", mesure vivement contestée.

Plus de 743.500 lycéens planchent ce lundi sur l'épreuve de philosophie. Les élèves de première passent pour leur part les épreuves écrites de français.

"Les épreuves vont se passer normalement", a affirmé Jean-Michel Blanquer sur France Inter. "Les premières remontées qu'on a ce matin vont dans ce sens."

Le ministre a évalué à "quelque part autour de 5%" le nombre d'enseignants en grève. Le ministère avait prévu en moyenne un tiers de surveillants supplémentaires pour faire face à tout dysfonctionnement.

Pour Jean-Michel Blanquer, cette grève est "doublement incompréhensible".

"D'une part le fait qu'elle soit le jour du bac, en réalité pas très acceptable, (...) et en second lieu sur le fond, elle est aussi assez incompréhensible, parce qu'on parle beaucoup de la question des rémunérations, mais je n'ai cessé de dire que nous allions y travailler, donc je n'ai pas besoin de pression sur ce point", a-t-il dit.

Sur la progression des salaires, revendication-phare des enseignants, Jean-Michel Blanquer a assuré que des négociations s'ouvriraient "tout au long des prochains mois, à articuler avec l'enjeu de la réforme des retraites". "Ce sont forcément des sujets pluriannuels".

"Ce n'est pas simplement parce qu'on n'est pas content qu'on peut prendre en otage le système", a-t-il souligné, citant une phrase de l'ancien ministre de l'Education Jean Zay : "Il faut que les querelles des hommes s'arrêtent aux portes de l'école."

La réforme du baccalauréat, a-t-il plaidé, "elle ne sort pas de nulle part". "Je ne l'ai pas écrite un matin en me levant, on a fait plusieurs mois de concertations, 40.000 lycéens y ont participé."

La réforme prévoit notamment la suppression des séries S, ES et L pour un tronc commun complété de spécialités à la carte.

"Les choses changent, et à chaque fois que les choses changent, ça génère du stress. Plonger dans l'inconnu est toujours un peu angoissant", a concédé la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, sur Sud Radio.

"Personne ne comprendrait qu'on prenne nos enfants en otages le jour du bac", a-t-elle ajouté. (Sophie Louet)