Londres (awp/afp) - Stocks en hausse et consommation soutenue: la croissance britannique a accéléré au premier trimestre et atteint 0,5%, faisant fi de la crise politique entourant le Brexit pour dépasser les performances de la zone euro et de la France.

Cette hausse du produit intérieur brut (PIB) en ce début d'année par rapport à celui du quatrième trimestre (+0,2%) est conforme aux attentes des analystes interrogés par l'agence Bloomberg.

L'Office national des statistiques (ONS) a sinon maintenu son estimation de la croissance pour 2018, au cours de laquelle elle avait ralenti à 1,4% du fait d'une réticence des entreprises à investir face aux incertitudes du Brexit.

A 0,5%, la croissance britannique est plus vigoureuse que celle de la zone euro sur la même période (+0,4%) et en particulier que celle de la France (+0,3%).

"L'économie demeure robuste", s'est félicité le ministre des Finances Philip Hammond. "La dette diminue, l'emploi bat des records de vigueur et les salaires augmentent à leur rythme le plus élevé depuis une décennie", s'est-il réjoui.

Au premier trimestre, les entreprises ont augmenté leurs investissements (+0,5%), après quatre trimestres consécutifs de repli, a précisé l'ONS dans un communiqué.

Mais la consommation des ménages s'est bien tenue elle aussi (+0,7%), les Britanniques ne semblant pas trop rechigner à la dépense malgré l'ambiance anxiogène de crise politique prédominante au Royaume-Uni cet hiver.

Initialement prévu pour le 29 mars, le Brexit a finalement repoussé au 31 octobre du fait d'une paralysie politique à Westminster où la Première ministre conservatrice Theresa May a échoué à faire voter au Parlement son accord de sortie négocié avec Bruxelles.

Toujours du côté de la demande, la croissance a en revanche été freinée par l'aggravation du déficit commercial britannique à son plus haut niveau depuis 50 ans.

Prudence

Du point de vue de la production, la croissance dans le secteur prépondérant des services a ralenti (+0,3%) mais la production du secteur industriel a bondi (+1,4%), tirée par sa composante proprement manufacturière qui n'avait pas été aussi dynamique depuis 1988.

Illustration de ce sursaut conjoncturel, l'ONS a souligné que la hausse des stocks industriels au Royaume-Uni avait été la plus importante parmi tous les pays du club du G7.

L'institut a aussi noté une envolée dans le secteur pharmaceutique, "due à des exportations plus importantes de janvier à mars, dont une partie s'explique probablement par un phénomène d'anticipation avant le départ de l'UE initialement prévu fin mars 2019".

L'industrie pharmaceutique a ainsi tourné à plein régime, afin de se prémunir de toute perturbation des échanges en cas de Brexit abrupt et sans accord dont le spectre a menacé l'économie du pays tout l'hiver.

Howard Archer, économiste à l'EY ITEM Club, a jugé que ce début d'année sur les chapeaux de roue pour le PIB s'expliquait "en bonne part du fait des stocks réalisés par les entreprises et, dans une moindre mesure, par une tendance des consommateurs à se constituer des réserves en cas d'un Brexit sans accord".

Il a aussi mis en avant un temps particulièrement doux cet hiver qui a pu soutenir la consommation des ménages.

Les pouvoirs publics et organisations internationales sont toutefois prudentes vis-à-vis de la croissance britannique pour l'ensemble de l'année, alors que l'imbroglio du Brexit est loin d'être réglé et pourrait peser sur l'activité cet été et cet automne.

Dans sa dernière prévision publiée début mai, la Banque d'Anglerre table sur une croissance de 1,5% pour 2019.

afp/jh