(Actualisé avec nouveau point sur la participation)

par Krisztina Than et Gergely Szakacs

BUDAPEST, 9 avril (Reuters) - Viktor Orban a décroché dimanche un troisième mandat consécutif à la tête du gouvernement hongrois après la large victoire aux élections législatives de son parti, le Fidesz, bien parti pour conserver sa majorité des deux tiers au Parlement, selon les projections de la commission électorale.

Le dirigeant hongrois, tenant en Europe d'une ligne dure sur l'immigration, qui s'est présenté pendant la campagne électorale comme le garant des valeurs chrétiennes de son pays face à un afflux supposé de musulmans, a aussitôt revendiqué une victoire qui va lui permettre de "défendre la Hongrie".

"Nous avons gagné!", a clamé Viktor Orban devant une foule de partisans en liesse à Budapest. "La Hongrie a remporté une grande victoire", a-t-il ajouté en se félicitant du fait que le taux de participation élevé ait "effacé tous les doutes".

Le taux de participation a atteint 70%, soit davantage que lors des trois précédents scrutins.

Le parti d'Orban a obtenu 49,5% des voix au scrutin de liste nationale, d'après des résultats provisoires portant sur environ 85% des bulletins.

Les nationalistes du parti Jobbik arrivent à la deuxième place avec 20% des voix. Le président du parti d'extrême droite, Gabor Vona, a annoncé sa démission après ce score décevant.

Les socialistes du MSZP sont aussi en recul, à 11,85%. Leur président a également remis sa démission.

La large avance du Fidesz devrait lui permettre de conserver sa majorité qualifiée des deux tiers au Parlement avec 133 députés sur 199, selon les projections de la commission électorale.

Peu avant l'annonce des résultats préliminaires, le chef du groupe parlementaire du parti au pouvoir, Gergely Gulyas, avait pourtant jugé une telle issue "improbable".

Les sondages pré-électoraux laissaient aussi penser que le Fidesz ne rééditerait pas ses raz-de-marée des législatives de 2010 et de 2014, même s'il était donné largement favori.

Après avoir voté dimanche, le Viktor Orban, âgé de 54 ans, avait répété que l'avenir de la Hongrie était en jeu.

"HOMOGÉNÉITÉ ETHNIQUE"

Les législatives sont disputées à un seul tour. Sur les 199 députés, 106 sont élus au scrutin uninominal à un tour. Les 93 autres le sont sur la base de listes de partis ou de minorités ethniques.

Le mode de scrutin, qui a été changé en 2010, est plus favorable au parti au pouvoir face à une opposition de gauche fragmentée et Jobbik. Le nombre total de sièges a été ramené de 386 à 199 en 2011. Le second tour a été supprimé, ce qui prive les partis de la possibilité de conclure des alliances entre les deux tours.

Viktor Orban, qui militait déjà comme jeune libéral à la fin des années 1980, a imposé au pays ce que ses détracteurs considèrent comme un style de plus en plus autoritaire.

Dans le même temps, le Premier ministre hongrois a bataillé contre Bruxelles concernant la politique de quotas de migrants venus du Proche-Orient, estimant que la Hongrie chrétienne, qui n'a pas de véritable tradition d'immigration, doit préserver son "homogénéité ethnique".

"Des forces apparaissent comme le monde n'en a pas vu depuis longtemps. En Afrique, il y aura dix fois plus de jeunes qu'en Europe. Si l'Europe ne fait rien, ils vont enfoncer la porte et nous écraser", déclarait Orban dans un discours le 15 mars.

"Bruxelles(...) veut diluer la population de l'Europe et la remplacer, pour se débarrasser de notre culture, de notre mode de vie", ajoutait-il.

Une victoire nette de Viktor Orban "renforcerait l'union des pays de Visegrad en matière de politique migratoire", estime le professeur Hendrik Hansen, expert de la scène politique européenne à l'université Andrassy de Budapest.

Le groupe de Visegrad rassemble quatre pays d'Europe centrale à la fois membres de l'Union européenne et de l'Otan : la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie.

Dans son discours de victoire dimanche, Viktor Orban a tout particulièrement remercié les dirigeants nationalistes polonais de leur soutien. (Avec Sandor Peto et Marton Dunai Eric Faye, Jean-Philippe Lefief, Henri-Pierre André et Tangi Salaün pour le service français )