* Quatre morts sur l'île française de Saint-Martin

* Le bilan est encore provisoire

* Ouragan le plus puissant jamais enregistré dans l'Atlantique

* Il prend la direction de la Floride (Actualise bilan, détails)

PARIS, 7 septembre (Reuters) - Le bilan humain provisoire du passage dévastateur de l'ouragan Irma dans les Caraïbes, notamment sur les îles françaises de Saint-Barthélémy et de Saint-Martin, s'est établi jeudi à une dizaine de morts.

Quatre personnes ont été retrouvées mortes sur la partie française de Saint-Martin et une cinquantaine d'autres ont été blessées. Côté néerlandais (Sint Maarten), on déplore au moins un mort et plusieurs blessés.

Cet ouragan, le plus puissant jamais enregistré dans l'océan Atlantique avec des vents atteignant 300 km/h, a également fait un mort à Barbuda et à Anguilla, et probablement un autre à La Barbade, selon les autorités locales. Trois personnes ont été tuées sur l'île de Porto Rico.

"Le bilan humain est encore incertain dans la mesure où des opérations de déblaiement sont en cours", a déclaré le Premier ministre français, Edouard Philippe, devant la presse à la cellule de crise à Paris. Sur la cinquantaine de blessés, deux le sont grièvement et un se trouve en urgence absolue.

Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, avait fait état dans la matinée de huit personnes décédées mais, de source gouvernementale, on explique que cela comprenait quatre morts naturelles qui ne sont pas liées à l'ouragan.

A Saint-Martin, l'électricité est coupée, l'eau potable est absente, l'essence indisponible, les routes sont très partiellement praticables et les communications téléphoniques sont très difficiles, a dit le chef du gouvernement.

Afin d'évaluer dégâts et besoins, un avion Falcon de l'armée française a effectué un vol de reconnaissance et d'autres vols devaient suivre. Deux Falcon, deux hélicoptères Puma, un avion de transport Casa participent aussi aux opérations.

Une frégate a appareillé dans la nuit de mercredi à jeudi de Fort-de-France avec des vivres, de l'eau et des renforts militaires à destination de Saint-Martin où elle est attendue vendredi matin. Une autre frégate devait faire escale en Martinique à la mi-journée, heure de Paris, pour charger rations, eau et moyens de secours destinés à Saint-Martin.

La partie française de l'aéroport de Saint-Martin était accessible jeudi. La partie néerlandaise était pour l'heure inatteignable.

"Les armées se tiennent prêtes à intervenir lorsqu'il faudra déblayer et apporter du secours aux victimes", dans l'attente d'une estimation plus précise des dégâts, a dit à la presse Valérie Lecasble, porte-parole du ministère des Armées.

"INDESCRIPTIBLE"

"Les 95% de l'île sont détruits. Il y a des cadavres (sic) de bateaux partout, il y a des maisons détruites partout, des toits déchirés partout", a déploré Daniel Gibbs, président de la collectivité de Saint-Martin, joint par Radio Caraïbes international. "C'est juste hallucinant, c'est indescriptible."

Sur place, la préfecture a été détruite, l'hôpital a perdu sa toiture et des scènes de pillage ont été observées, selon Gérard Collomb. Ce dernier a annoncé lors d'une conférence de presse que la "chaîne de commandement" avait été rétablie, notamment grâce à l'envoi de 60 gardes mobiles supplémentaires.

Dans l'île et à Saint-Barthélemy, les premières rafales, qui ont dépassé 300 km/h, ont frappé mercredi en début de matinée heure de Paris, en même temps que les vagues, de 10 à 12 mètres, et des pluies diluviennes (entre 200 et 400 mm).

Saint-Barthélemy compte quelque 9.500 habitants. Saint-Martin est un territoire français de plus de 35.000 habitants situé dans la partie nord de l'île. Côté néerlandais, la population est d'environ 40.000.

Une base logistique a été installée à Pointe-à-Pitre, qui doit permettre de concentrer les moyens venant de métropole, des Antilles et de Guyane et de les répartir sur des avions ou des bateaux, a précisé le préfet de Guadeloupe, Eric Maire.

La ministre française des Outre-Mer, Annick Girardin, est arrivée en Guadeloupe dans la nuit, en compagnie d'environ 120 secouristes supplémentaires. Emmanuel Macron se rendra également sur place mais, dit-on à l'Elysée, "dès que ce sera possible, sans gêner l'action des secours et dès que les conditions météorologiques le permettront".

ÉVACUATIONS À CUBA

Irma, de catégorie 5, la maximale sur l'échelle Saffir-Simpson, devrait rétrograder en catégorie 4 avant d'atteindre la Floride dimanche.

Les habitants du comté de Miami-Dade ont reçu l'ordre de se déplacer vers les hauteurs jeudi à partir de 09h00 du matin (13h00 GMT), a déclaré le maire de Miami, Carlos Gimenez.

A Cuba, les autorités ont entamé l'évacuation de certains des 51.000 touristes étrangers présents sur l'île, en particulier des stations balnéaires de la côte nord.

A La Havane, les habitants ont commencé à stocker de la nourriture, de l'eau et du carburant

Même chose en République dominicaine.

L'île de Barbuda, peuplée de 1.800 habitants, est "entièrement démolie", 90% des habitations ont été détruites et la reconstruction prendra des années, a déclaré le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne.

A San Juan, la capitale de Porto Rico, qui a été épargnée par l'oeil du cyclone, l'électricité était coupée dans la moitié des habitations et entreprises à la nuit tombée.

Une personne est morte à Anguilla, les routes étaient bloquées et les réseaux électriques et téléphoniques ont été endommagés, ont annoncé les services d'urgence de l'île.

Deux autres ouragans se sont formés mercredi dans l'Atlantique, Katia dans le golfe du Mexique et José, désormais en catégorie 2 à environ 1.000 km à l'est des Petites Antilles. (Rédactions de Paris, Mexico, Londres, Washington, Miami et La Havane, édité par Yves Clarisse, Arthur Connan, Henri-Pierre André et Gilles Trequesser)