Tokyo (awp/afp) - Les prix à la consommation au Japon (hors ceux des denrées périssables) ont progressé de 0,7% sur un an en mai, au même niveau qu'en avril et en phase avec les prévisions des économistes, selon les données publiées vendredi par le ministère des Affaires intérieures.

Cette stagnation, après un ralentissement au cours des précédents mois, confirme que la politique "abenomics", menée depuis plus de 5 ans par le gouvernement de Shinzo Abe avec le concours de la banque centrale, ne parvient pas à doper durablement la demande et avec elle une montée stimulante des prix.

Toujours en mai, en intégrant aussi les denrées périssables, l'inflation ressort également à 0,7%, et en excluant l'énergie en plus des produits frais, elle ne dépasse pas 0,3% (contre 0,4% en avril).

L'objectif d'inflation de 2% (hors produits frais) fixé d'un commun accord par le gouvernement et la Banque du Japon début 2013 est encore loin. Et pourtant, l'ambition initiale était d'y parvenir dans un délai de 2 ans, c'est-à-dire en 2015.

Le Japon souffre d'un manque de confiance des consommateurs qui, craignant de ne pouvoir faire face aux dépenses inévitables à l'avenir, préfèrent mettre de côté, quand ils ont de quoi. Simultanément, existe une offre très abondante et la concurrence se joue encore souvent sur les prix les plus bas pour attirer le chaland qui, du coup, est enclin à patienter en espérant de nouvelles promotions et des tarifs encore plus réduits.

C'est de ce phénomène pernicieux que le Japon n'arrive pas à sortir. Si sa situation économique n'est pas si mauvaise (une légère contraction du PIB au cours des trois premiers mois de l'année après une série exceptionnelle de deux ans de croissance ininterrompue), c'est que les exportations se portent plutôt bien.

Mais du coup, le pays n'est pas vraiment maître de son destin. Un choc extérieur et il risque de se retrouver, comme au moment de la crise financière internationale 2008/2009, dans une situation délicate.

La pénurie de main-d'oeuvre dans certains secteurs (restauration, distribution, BTP, soins aux personnes âgées, puériculture) y fait un peu monter les salaires, mais cette progression ne s'étend pas assez largement pour susciter un entraînement général et une entrée dans "le cercle vertueux" (hausse combinée des rémunérations, des dépenses et des prix) tant espéré par M. Abe depuis des années.

afp/al