Washington (awp/afp) - L'économie américaine a montré des signes d'essoufflement au deuxième trimestre, avec une baisse surprise des ventes au détail et de la production industrielle au moment où Donald Trump peine à nouer un accord commercial avec Pékin.

Si elles ne représentent qu'un quart de la consommation -les Américains étant davantage friands des services-, les ventes au détail restent un bon baromètre de l'évolution des dépenses de consommation, elle-même moteur de la croissance américaine.

En avril, elles ont diminué de 0,2% là où les analystes anticipaient une hausse de 0,2%. Et de nombreux secteurs ont enregistré un recul: des matériaux de jardinage (-1,9%) aux produits de santé (-0,2%) en passant par le secteur d'électronique et électroménagers (-1,3%), l'alimentation (-0,2%) et surtout l'automobile (-1,1%), secteur clé de l'économie américaine, a annoncé mercredi le département du Commerce.

Autre contreperformance le mois dernier, la production industrielle aux Etats-Unis a une nouvelle fois reculé en avril (-0,5%), selon les données de la Réserve fédérale.

La production manufacturière, un secteur cher à la politique économique du président Donald Trump, recule également de 0,5% en avril, la production dans le secteur automobile (voitures et pièces détachées) ayant largement contribué à cette baisse (-2,6%).

"L'activité manufacturière a baissé en moyenne de 0,3% chaque mois depuis le début de l'année en raison du ralentissement de la croissance mondiale, de la persistance des tensions commerciales, d'un dollar fort et d'une activité économique domestique moins soutenue", ont résumé dans une note les économistes d'Oxford Economics.

Le Fonds monétaire international (FMI) estime depuis des mois que la croissance de l'économie américaine va ralentir cette année (+2,3%) après une expansion soutenue en 2018 (+2,9%), soulignant que les mesures prises par l'administration Trump pour stimuler l'activité --baisses d'impôts et investissements-- vont s'estomper.

"Complication malvenue"

De plus, les tensions commerciales des Etats-Unis avec ses principaux partenaires commerciaux risquent d'accentuer ce ralentissement, estime l'institution de Washington.

Pour l'heure, l'administration Trump est restée sourde aux mises en garde. Elle a ainsi imposé vendredi dernier des taxes douanières renforcées sur 200 milliards de dollars de biens chinois.

En outre, le président républicain a chargé son représentant au Commerce de lancer la procédure pour infliger des tarifs douaniers sur la quasi-totalité des importations en provenance de Chine (plus de 539 milliards de dollars en 2018).

De son côté, Pékin a rétorqué en annonçant une hausse de ses droits de douanes sur 60 milliards de dollars de marchandises chinoises, à compter du 1er juin.

"L'industrie est en difficultés, par conséquent, ajouter de l'incertitude et des tensions (...) n'aide vraiment pas à ce stade", ont commenté mercredi les analystes de RDQ Economics.

L'escalade dans la guerre commerciale avec la Chine est "une complication malvenue mais nous continuons de penser que l'industrie a plutôt pâti du net ralentissement de la Chine plutôt que de la guerre commerciale", ont toutefois estimé les économistes de Pantheon.

Le président républicain ne cesse d'affirmer que l'économie américaine résiste pour le moment aux tensions commerciales, citant la croissance enregistrée au premier trimestre (+3,2%) et le taux de chômage de 3,6%, inédit depuis décembre 1969.

"Nous demeurons optimistes sur le fait que la consommation des ménages va bien progresser dans les mois à venir en raison d'un niveau de confiance élevée et des hausses de salaires", ont souligné les spécialistes de Oxford Economics.

Ils observent néanmoins que la volatilité des marchés financiers, qui évoluent au gré des regains de tensions ou des trêves dans la guerre commerciale, "représentent un risque".

La principale fédération des détaillants (NRF) a, elle, mis en avant la solidité de la consommation des ménages américains.

"En dépit de la grande volatilité des données d'un mois sur l'autre, les comparaisons à long terme sont favorables", a estimé Jack Kleinhenz, chef économiste de cette fédération.

Les indicateurs économiques publiés mercredi font écho à ceux publiés plus tôt par la Chine.

La croissance des ventes de détail a ainsi chuté au plus bas depuis 16 ans. La hausse de la production industrielle a également brusquement ralenti le mois dernier.

afp/rp