Compaoré, qui a gouverné pendant 27 ans, a été invité par la junte militaire au pouvoir à participer à une réunion vendredi entre le président intérimaire Paul-Henri Damiba et plusieurs anciens présidents pour discuter de "questions liées aux intérêts supérieurs de la nation", a déclaré la présidence dans un communiqué.

La junte a pris le pouvoir lors d'un coup d'État en janvier qu'elle a justifié en invoquant la montée de la violence islamiste, mais elle n'a pas réussi jusqu'à présent à ralentir l'insurrection des groupes militants liés à Al-Qaïda et à l'État islamique.

Ces dernières semaines, Damiba a tendu la main à ses prédécesseurs, soulignant la nécessité d'une unité politique face à la menace.

Compaoré, 71 ans, s'est enfui en Côte d'Ivoire pendant le soulèvement de 2014, qui a été déclenché par ses efforts pour modifier la constitution afin de se permettre de rester au pouvoir.

Il a été condamné par contumace en avril par un tribunal militaire à la prison à vie pour complicité dans le meurtre de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987, lors du coup d'État qui l'a porté au pouvoir.

Le communiqué de la présidence a déclaré que la réunion des anciens chefs d'Etat "n'entrave pas les poursuites judiciaires engagées contre certains d'entre eux", mais n'a pas donné de précisions.

Dans une déclaration, une association d'avocats représentant les familles de Sankara et d'autres personnes tuées lors du coup d'Etat de 1987 a demandé que Compaoré soit arrêté une fois au Burkina Faso.

Cela semblait peu probable. Amadou Coulibaly, un porte-parole du gouvernement de la Côte d'Ivoire, qui a refusé à plusieurs reprises d'extrader Compaoré, a déclaré que le gouvernement ivoirien avait convenu du retour de Compaoré avec les autorités burkinabè.

Les médias burkinabés ont spéculé ces derniers jours sur le fait que Compaoré pourrait bénéficier d'une grâce pour le meurtre de Sankara dans le cadre du processus de réconciliation de la junte.

Ni la Côte d'Ivoire ni le Burkina Faso n'ont fait de commentaire officiel sur le sujet.

Participera également à la réunion de vendredi Roch Kabore, le président que la junte a renversé en janvier. Kabore a rencontré Damiba le mois dernier pour la première fois depuis le coup d'Etat.