(MT Newswires) -- La Banque du Japon (BOJ) vient de relever ses taux d'intérêt, une première depuis 2007. Sayuri Shirai, ex-membre du comité de politique monétaire de la BOJ et actuellement professeure d'économie à l'Université de Keio, émet l'hypothèse que cette hausse pourrait rester isolée étant donné la fragilité de l'économie japonaise, marquée par une baisse de la consommation réelle et des salaires réels sur les trois derniers trimestres.

Elle questionne le timing de cette décision, estimant que la BOJ aurait pu attendre les données d'avril, qui reflètent les résultats des négociations salariales du printemps, disponibles en juin. Cependant, Shirai pense que la banque centrale souhaite saisir l'occasion de sortir des taux d'intérêt négatifs alors que l'inflation dépasse toujours les 2%. 

Shirai souligne que les négociations salariales pourraient aboutir à une augmentation des salaires de 5,5%, mais rappelle que de telles prévisions n'ont pas été pleinement réalisées l'année précédente, en particulier dans les PME qui ne sont pas en mesure d'augmenter les salaires en raison de leur faible rentabilité. Elle estime que la BOJ aurait dû attendre les données de juin avant d'agir.

Shirai affirme que la BOJ ne peut envisager de multiples augmentations consécutives en raison de la faiblesse de l'économie et d'un écart de production toujours négatif chez les PME. Elle ajoute que l'inflation actuelle, hors alimentation et énergie, est déjà inférieure à 2%, remettant en question la stabilité de l'objectif d'inflation de 2%.

Shirai s'attend à ce que la BOJ continue d'acheter des obligations gouvernementales japonaises pour soutenir un gouvernement qui n'est pas encore prêt à faire face à un environnement de taux d'intérêt élevés. Elle suggère aussi que la BOJ pourrait revoir son objectif d'inflation, en adoptant une fourchette de 1% à 3% révisable tous les trois ans, au lieu de se focaliser sur un objectif strict de 2%.

 

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