par Zhou Xin et Simon Rabinovitch

Le produit intérieur brut (PIB) chinois a progressé de 10,3% en rythme annuel au deuxième trimestre contre une croissance de 11,9% enregistrée sur les trois premiers mois de l'année, a annoncé jeudi le Bureau national des statistiques (NBS).

Ce chiffre est légèrement moins élevé que les 10,5% de hausse attendus en moyenne par les économistes.

Les autres statistiques macroéconomiques publiées ce jeudi suggèrent que la limitation des crédits immobiliers et des prêts aux collectivités locales, de même que le reflux des dépenses publiques de soutien à l'activité, ainsi que la fin des reconstitution de stocks des entreprises ont eu plus d'effet sur la croissance vers la fin de la période avril-juin.

La croissance dans les usines a notamment reculé à 13,7% sur un an en juin, après avoir atteint 16,5% le mois précédent et alors que les analystes anticipaient +15,3%. Selon Dong Tao, chef économiste chez Credit Suisse, il s'agit du premier recul mensuel en données corrigées des variations saisonnières de la production dans les usines depuis novembre 2008.

Les ventes au détail ont également ralenti en passant de +18,7% en mai à +18,3% en juin, tandis que la progression des investissements dans les zones urbaines est dans le même temps passée de 25,9% à 25,5%.

ÉVITER LA SURCHAUFFE ET TRANSFORMER LE MODÈLE ÉCONOMIQUE

En outre, la hausse des prix à la consommation a ralenti en rythme annuel le mois dernier à 2,9%, alors que l'inflation était ressortie à 3,1% en mai et que le marché tablait sur une accélération des prix à 3,3%.

"La bonne nouvelle c'est que l'économie résiste. La mauvaise nouvelle c'est que l'investissement ralentit, ce qui va entraîner une baisse de la demande en matières premières", prévient Dong Tao.

Pour autant, le gouvernement chinois n'a pas semblé perturbé par le ralentissement économique du pays compte tenu de la base de comparaison élevée établie en 2009.

Le NBS a de son côté souligné que la croissance restait élevée, conforme à la moyenne de la dernière décennie, et dans la fourchette acceptable définie par Pékin.

"Le ralentissement aidera notre économie à éviter la surchauffe et facilitera la transformation de notre modèle économique", a indiqué le NBS.

L'enquête effectuée par Reuters auprès des économistes avant la publication de la croissance chinoise montre que ces derniers prévoyaient alors une hausse de 10% cette année du PIB chinois, et de 9% en 2011.

La plupart des économistes ne s'attendent pas pour autant à un réponse politique spectaculaire aux statistiques publiées jeudi. HSBC et Barclays Capital ne prévoient plus de relèvement des taux d'intérêt cette année, alors que certains estiment que la probabilité d'une hausse du niveau des réserves obligatoires s'est également atténuée.

Pékin devrait néanmoins maintenir sa campagne contre la spéculation immobilière tout en augmentant ses dépenses dans le logement afin de stabiliser la croissance.

La plupart des chiffres annoncés ce jeudi ayant déjà fuité en début de semaine, la réaction des marchés est restée limitée, ces derniers souffrant davantage des inquiétudes des membres du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale sur la reprise économique américaine.

Ces chiffres renforcent toutefois l'idée selon laquelle le premier trimestre a marqué un haut de cycle de l'économie chinoise.

Goldman Sachs a notamment calculé que la croissance du PIB chinois ressortait à 8% au deuxième trimestre en données corrigées des variations saisonnières, contre +10% pour les trois premiers mois de l'année.

"Nous nous attendons à ce que la croissance ralentisse de nouveau au second semestre de l'année, avec des facteurs extérieurs qui devraient déterminer l'ampleur du ralentissement", renchérit Brian Jackson, stratège chez Royal Bank of Canada.

Henri-Pierre André et Alexandre Boksenbaum-Granier pour le service français, édité par Gwénaëlle Barzic