Londres (awp/afp) - La livre sterling rebondissait mardi par rapport au dollar après avoir plongé lundi à son plus bas historique en réaction à un plan de dépenses massif du gouvernement conservateur de Liz Truss, le marché guettant désormais toute annonce du Trésor britannique ou de la Banque d'Angleterre (BoE).

"C'est le calme après la tempête", résume Russ Mould, analyste chez AJ Bell, qui incite cependant à la prudence.

En montant de 1,04% à 1,0802 dollar vers 12H45 GMT, la livre s'éloigne de son plus bas historique atteint la veille à 1,0350 dollar, mais reste en baisse de plus de 4% depuis vendredi et l'annonce des mesures gouvernementales.

Le rendement des obligations d'Etat à dix ans, qui monte quand la demande baisse, évoluait à 4,19%, proche du sommet depuis février 2010 atteint la veille à 4,25%.

Et le taux d'emprunt de l'Etat à plus court terme dépassait au Royaume-Uni celui de la Grèce, signe de l'inquiétude des investisseurs pour l'économie britannique.

Le gouvernement n'a pas changé de cap pour autant et tente de rassurer le marché : "le chancelier Kwasi Kwarteng a rencontré des gérants d'actifs et des assureurs et a réaffirmé son attachement à la viabilité budgétaire", a commenté le Trésor britannique dans un tweet mardi.

Sans action du gouvernement, le marché guette aussi les signaux d'une action déterminée de la Banque d'Angleterre (BoE).

La veille, le gouverneur Andrew Bailey a promis de relever les taux d'autant qu'il serait nécessaire pour juguler l'inflation, mais a indiqué que la banque centrale n'agirait pas avant sa prochaine réunion prévue en novembre.

Dans ce contexte, une intervention du chef économiste de la BoE Huw Pill, prévue à 13H00 GMT dans un forum organisé par la banque Barclays, est très attendue.

Car le communiqué publié lundi par la banque centrale "ne devrait pas calmer ceux qui avaient déjà mis en doute la détermination de la BoE à lutter contre l'inflation avant même ces événements", a estimé Esther Reichelt, analyste chez Commerzbank.

Situation critique

Les marchés s'inquiètent d'un plan d'aides aux factures à l'énergie et de baisses d'impôts évalué par les économistes à un montant se situant entre 100 et 200 milliards de livres, dont le financement reste flou et dont l'impact sur l'activité économique du Royaume-Uni n'est pas précisément étudié.

Le Trésor britannique s'est voulu rassurant dans un communiqué lundi en assurant que l'organisme public de prévisions budgétaires allait publier une évaluation "cette année".

Face à la situation critique de l'économie britannique, la Banque d'Angleterre avait relevé son taux de 0,50 point de pourcentage à 2,25% jeudi dernier.

Alors que l'inflation atteint 9,9% sur un an au Royaume-Uni, la plus élevée du G7, l'institution monétaire a aussi estimé que le Royaume-Uni était entré en récession pendant le troisième trimestre.

Ces incertitudes et les remous sur le marché obligataire se répercutent sur le marché des prêts immobiliers, des institutions comme Halifax, Virgin Money ou Skipton ayant confirmé à l'AFP avoir suspendu temporairement la vente de tout ou partie de ce type de produits pour les nouveaux clients, le temps de réévaluer leur gamme de prix.

Pendant que le gouvernement conservateur britannique de Liz Truss est à la peine, sa politique étant désavouée à la fois par les marchés et les sondages, le Labour commence à croire à un retour au pouvoir, son chef Keir Starmer accusant mardi ses rivaux d'avoir "perdu le contrôle de l'économie britannique".

Le dirigeant du parti travailliste de 60 ans présentait mardi son "plan pour une prospérité verte", qui vise à soutenir la croissance et lutter contre le réchauffement climatique, au cours du congrès annuel du principal parti d'opposition.

afp/rp