par Steve Holland

CARBIS BAY, Angleterre, 12 juin (Reuters) - Les pays du G7 réunis en sommet en Angleterre vont annoncer ce samedi un nouveau plan mondial en faveur des infrastructures pour concurrencer le vaste projet de nouvelle "Route de la soie" de la Chine, a déclaré un membre haut placé au sein de l'administration du président américain Joe Biden.

Ce responsable, qui a requis l'anonymat, a ajouté que les Etats-Unis presseraient leurs partenaires du G7 à prendre une "initiative concrète sur le travail forcé" en Chine et à inclure une critique à l'encontre de Pékin dans leur communiqué final.

"Il ne s'agit pas seulement de se placer en opposition ou de s'en prendre à la Chine", a dit ce responsable. "Mais jusqu'à présent, nous n'avons pas proposé de voie alternative positive reflétant nos valeurs, nos normes et notre conception des relations économiques."

Le projet de nouvelle Route de la soie a été lancé en 2013 par le président chinois Xi Jinping. Il consiste à financer des investissements et des projets de développement de l'Asie à l'Europe et jusqu'en Afrique.

Dans ce cadre, plus de 100 pays ont déjà signé des accords avec la Chine pour développer des liaisons ferroviaires, des ports, des autoroutes ou d'autres types d'infrastructures.

Selon les données de Refinitiv, plus de 2.600 projets représentant au total 3.700 milliards de dollars (3.056 milliards d'euros) étaient liés à cette nouvelle Route de la soie mi-2020, même si les autorités chinoises estimaient alors qu'environ 20% d'entre eux étaient fortement perturbés par la pandémie de COVID-19.

DÉNONCER LE TRAVAIL FORCÉ

D'après le responsable américain s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, l'Occident s'est montré incapable jusqu'à présent de proposer une voie alternative positive au "manque de transparence, aux faibles normes en matière d'environnement et de travail et à l'approche coercitive" de la Chine, dont souffrent de nombreux pays ayant décidé de collaborer avec Pékin.

"Donc demain, nous annoncerons avec nos partenaires du G7 un principe de 'mieux reconstruire pour le monde' ("build back better for the world"), une nouvelle initiative ambitieuse en matière d'infrastructures mondiales qui ne sera pas qu'une simple proposition alternative" à la Route de la soie, a-t-il dit.

Aucune précision n'a été fournie sur le financement de cette initiative. Celle-ci vise à mobiliser plusieurs centaines de milliards de dollars de fonds publics et privés pour combler d'ici 2035 un besoin de 40.000 milliards de dollars pour les infrastructures dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, a dit le responsable américain.

Lors de ce sommet en Cornouailles, Joe Biden va aussi exhorter les autres dirigeants à affirmer clairement leur vision selon laquelle le travail forcé constitue un affront à la dignité humaine et "un exemple flagrant de la concurrence injuste de la Chine en matière économique".

"Nous plaidons pour que nous soyons précis sur des sujets comme le Xinjiang où a lieu du travail forcé et où nous devons mettre en avant nos valeurs en tant que G7", a dit le responsable au sujet du communiqué final qui sera publié dimanche.

La Chine dément soumettre certaines populations, notamment les Ouïghours, au travail forcé dans le Xinjiang. (Steve Holland et Michael Holden version française Bertrand Boucey)