(Actualisé avec manifestations, déclarations Hassan Nasrallah)

BEYROUTH, 19 octobre (Reuters) - Le Liban se prépare ce samedi à vivre une troisième journée de manifestations au lendemain de la mobilisation de plusieurs dizaines de milliers de personnes à travers le pays pour protester contre une élite politique qu'ils accusent d'avoir pillé l'économie du pays.

De petits groupes de manifestants se sont rassemblés dans le centre de Beyrouth où les traces des affrontements de la veille étaient encore visibles sur les vitrines des banques du quartier commerçant de la capitale. Selon les autorités, 52 policiers ont été blessés vendredi et 70 personnes ont été arrêtées.

"Les gens vont certainement ressortir dans la rue aujourd'hui parce qu'ils souffrent", estime Ramzi Ismail, un ingénieur de 60 ans. "Mais nous sommes contre les affrontements avec l'armée ou les forces de sécurité et contre les actes de vandalisme".

Face à cette situation potentiellement explosive, le Premier ministre Saad Hariri a accusé vendredi ses "partenaires de gouvernement" de bloquer ses réformes et leur a donné 72 heures pour montrer leur volonté de sortir du blocage actuel, laissant entendre qu'il pourrait démissionner le cas échéant.

Dans le collimateur des manifestants, l'inflation, la hausse du coût de la vie et l'annonce de nouveaux impôts, notamment la création d'une taxe sur les appels passés par l'application WhatsApp - mesure sur laquelle le gouvernement est revenu face aux protestations.

Ces rassemblements, le plus important mouvement de contestation depuis une décennie, ont mêlé des Libanais de toutes confessions et classes sociales qui réclament à l'unisson la démission du gouvernement du sunnite Saad Hariri, du président chrétien Michel Aoun ou encore du président chiite du Parlement Nabih Berri.

Fait sans précédent, des manifestants chiites ont attaqué les permanences de leurs députés du puissant Hezbollah et du mouvement Amal dans le Sud-Liban.

Dans une allocution télévisée samedi, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a indiqué que son mouvement ne soutenait pas l'idée d'une démission du gouvernement et a appelé chacun "à prendre ses responsabilités".

"Si nous ne travaillons pas à une solution, nous nous dirigerons vers un effondrement du pays, ce sera la faillite et notre monnaie n'aura plus aucune valeur", a-t-il mis en garde." "Le second danger, c'est une explosion populaire qui résulterait de notre mauvaise gestion de la situation". (Eric Knecht, Laila Bassam et Suleiman Al-Khalidi, Marine Pennetier pour le service français)