Les demandes américaines et canadiennes interviennent après des années d'inquiétude de la part des entreprises privées de ces pays, qui estiment que la volonté du président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador de renforcer l'emprise de l'État sur les secteurs du pétrole et de l'électricité les traite de manière injuste et viole l'accord États-Unis-Mexique-Canada (USMCA).

"Nous voulons profiter de cette phase de consultation ... pour voir comment nous pouvons parvenir à une solution mutuellement satisfaisante grâce à un dialogue ouvert, franc et constructif, qui nous permettra de surmonter ces différences", a déclaré M. De la Mora dans une interview à Reuters.

La demande de consultations marque la plus grave querelle commerciale entre Washington et Mexico depuis l'entrée en vigueur du pacte commercial USMCA il y a deux ans et, si elle n'est pas résolue, elle pourrait conduire à des tarifs douaniers américains punitifs.

Bien que Mme De la Mora ait déclaré que le gouvernement mexicain chercherait à faire valoir que ses politiques énergétiques ne sont pas en infraction avec l'accord commercial, son ton conciliant sur la recherche d'une solution qui profite à toutes les parties contraste avec la riposte provocante de M. Lopez Obrador face aux plaintes.

Le nationaliste de gauche spécialiste de l'énergie s'est engagé à relancer le producteur pétrolier public Petroleos Mexicanos (Pemex) et la compagnie d'électricité Comision Federal de Electricidad (CFE), qu'il affirme que ses prédécesseurs ont délibérément "détruits" pour céder le marché énergétique du Mexique aux étrangers.

Le représentant américain au commerce affirme que les mesures prises pour soutenir les entreprises publiques ont porté atteinte aux entreprises américaines au Mexique.

M. De la Mora a déclaré que le Mexique n'utiliserait pas comme monnaie d'échange un conflit commercial distinct avec Washington concernant l'industrie automobile.

"Nous espérons que cette question sera résolue avant la fin de l'année et nous sommes très optimistes quant au fait que nous avons un dossier très solide et que nous aurons une résolution favorable pour le Mexique", a déclaré M. De la Mora, faisant référence au différend sur l'automobile, qui comprend des désaccords sur les allégements fiscaux proposés par les États-Unis pour la fabrication de véhicules électriques.

Le Canada a déclaré en janvier qu'il se joindrait au Mexique pour demander à un groupe spécial de règlement des différends d'aplanir ses divergences avec les États-Unis sur la manière d'appliquer les exigences de contenu du secteur automobile en vertu du traité.

Lorsqu'on lui a demandé si les politiques énergétiques de Lopez Obrador faisaient fuir les investissements, Mme De la Mora a souligné les annonces récentes d'investissements au Mexique par la société énergétique américaine Sempra Energy et la société canadienne TC Energy.

Elle a fait valoir que le mécanisme de règlement des différends de l'USMCA offrait aux investisseurs des certitudes, car si des différends surgissent, comme c'est le cas actuellement, son utilisation permettrait de clarifier les choses.

"Le mécanisme de règlement des différends est un mécanisme très solide, c'est un mécanisme qui permet à l'investisseur d'avoir une plus grande certitude et cela est très positif pour le climat des affaires", a-t-elle déclaré.

Les États-Unis ont demandé des consultations dans le cadre de l'USMCA sur les politiques énergétiques du Mexique le 20 juillet.

Selon les règles de l'USMCA, les États-Unis et le Mexique doivent entamer des consultations dans les 30 jours suivant la demande américaine, sauf si les parties en décident autrement. S'ils ne résolvent pas le problème par le biais de consultations dans les 75 jours suivant la demande des États-Unis, ces derniers peuvent demander la mise en place d'un groupe spécial de règlement des différends.