PARIS (Reuters) - Wall Street est attendue en baisse même si la plupart des Bourses européennes progressent à mi-séance lundi, le début de semaine sur les marchés d'actions étant dominé par les turbulences dans le secteur bancaire liées aux difficultés d'un fonds d'investissement américain.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais signalent une ouverture en recul de 0,43% pour le Dow Jones, de 0,29% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,04% pour le Nasdaq.

À Paris, le CAC 40 gagne 0,54% à 6.020,92 points vers 11h05 GMT après un bref passage en territoire négatif en début de matinée et à Francfort, le Dax avance de 0,53% alors qu'à Londres, le FTSE 100 est pratiquement inchangé.

L'indice EuroStoxx 50 est en hausse de 0,54%, le FTSEurofirst 300 de 0,37% et le Stoxx 600 de 0,42%.

Quelques heures après un avertissement du groupe japonais Nomura, Credit Suisse a annoncé s'attendre à ce que ses résultats souffrent des pertes liées aux difficultés d'un fonds américain non identifié qui a fait défaut sur des appels de marge la semaine dernière. Plusieurs sources ont rapporté que le fonds en difficulté était Archegos Capital.

"Cet incident est revenu rappeler au marché le côté obscur de l'effet levier, ce qui a probablement incité certains à réduire leur exposition au risque à proximité des records pour éviter des pertes graves en cas d'effet boule de neige à la vente", commente Marios Hadjikyriacos, analyste du courtier XM.

Si les observateurs écartent l'éventualité d'une crise systémique, nombre d'entre eux s'inquiètent des répercussions du dossier sur le secteur bancaire dans un contexte de valorisations tendues, ce qui se traduit par un regain de volatilité: l'indice mesurant celle de l'EuroStoxx 50 est en hausse de plus de 6%.

Ce facteur prend temporairement le pas sur les deux grands sujets du moment pour les marchés: la crise du coronavirus d'une part, avec les préoccupations sanitaires en Europe et les perspectives de nouvelles dépenses publiques massives aux Etats-Unis, et d'autre part le blocage du canal de Suez, où la remise à flot partielle du porte conteneurs bloqué depuis mardi dernier permet d'espérer une reprise prochaine du trafic.

VALEURS EN EUROPE

L'affaire Archegos affecte en premier lieu le secteur européen des services financiers, dont l'indice Stoxx perd 1,36%, contre 0,25% pour celui des banques.

Ce dernier est plombé par la chute de 14,03% de Credit Suisse après son avertissement mais le groupe helvétique est loin d'être le seul touché: Deutsche Bank abandonne 3,18%, UBS 3,14%, BNP Paribas 1,63% et Société générale 1,57%.

Le compartiment du transport et des loisirs abandonne par ailleurs 0,67% avec les craintes de durcissement des restrictions sanitaires, en France notamment: l'organisateur de croisières Carnival cède 0,66%, IAG 0,97%.

Air France-KLM gagne néanmoins 1,6% après les déclarations du ministre français de l'Economie, Bruno Le Maire, sur les progrès des discussions avec la Commission européenne concernant l'aide publique au groupe.

TAUX Le petit regain d'aversion au risque lié au dossier Archegos pèse sur les rendements obligataires américains. Celui des Treasuries à dix ans est pratiquement inchangé à 1,6531%.

Sur le marché européen, l'amélioration de la tendance boursière se traduit par une remontée des rendements après un début de séance en baisse: celui du Bund allemand à dix ans prend un point de base à -0,345% après être revenu à -0,37% dans les premiers échanges.

CHANGES

Le dollar, avantagé par le regain de volatilité, est en légère hausse par rapport aux autres grandes devises (+0,05%), non loin du plus haut de quatre mois touché jeudi dernier.

L'euro continue de céder du terrain face au billet vert à 1,1764 (-0,24%) et il se dirige vers une baisse d'environ 2,5% sur l'ensemble du mois de mars, sa pire performance mensuelle depuis juillet 2019.

PÉTROLE

En baisse en début de séance avec la perspective d'une réouverture prochaine du canal de Suez, les cours du pétrole sont repassés en territoire positif alors que des armateurs soulignent que le retour à la normale prendra des semaines, voire des mois: le Brent gagne 0,9% à 65,15 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 0,69% à 61,39 dollars.

Les deux références étaient tombées respectivement à 63,13 et 59,41 dollars plus tôt en séance.

(Marc Angrand, avec Devik Jain et Medha Singh à Bangalore, édité par Blandine Hénault)

par Marc Angrand