Washington (awp/afp) - L'activité économique aux Etats-Unis a continué de progresser à un rythme "modeste" ces deux derniers mois mais les incertitudes commerciales continuent de peser sur les décisions des entreprises, a indiqué mercredi la Fed dans son Livre Beige, un rapport de conjoncture.

Sur les douze régions couvertes par l'enquête de la Fed, dix rapportent une lente croissance tandis que deux (Cleveland et de Chicago) ont enregistré une stagnation de l'activité.

"Les perspectives sont en général positives pour les mois qui viennent (...) en dépit d'inquiétudes répandues sur le possible impact négatif des incertitudes liées au commerce", ajoute le rapport qui couvre la période de mai à début juillet.

Le rapport note aussi que les prix stagnent, voire baissent, alors que la Fed aimerait voir l'inflation remonter autour de 2%. Plusieurs régions, --Cleveland, San Francisco, Philadelphie entre autres- ont décelé une stagnation ou décélération des prix, un signe qui pourrait convaincre davantage la banque centrale de baisser les taux d'intérêt très prochainement pour éviter un ralentissement de l'inflation. Celle-ci se situait à 1,6% en mai (indice PCE).

Si le manque d'inflation paraît faire l'affaire des consommateurs, pour les économistes, c'est toujours un signal d'alarme qui peut engendrer le cercle vicieux d'une baisse des prix et d'une croissance atone.

Le Livre beige de la Fed, qui paraît toutes les six semaines, est publié quinze jours avant la prochaine réunion monétaire de la Banque centrale, prévue les 30 et 31 juillet.

Dans la plupart des régions, la consommation s'est bien comportée même si les ventes automobiles ont stagné. Plusieurs régions signalent un modeste déclin dans l'activité lié aux transports. Les ventes immobilières ont progressé mais les chantiers de constructions résidentielles n'ont pas augmenté.

L'industrie manufacturière a stagné en général et la production agricole a décliné, surtout à cause des chutes de pluies importantes dans les régions productrices.

Sur le marché du travail, le nombre de créations d'emploi a continué d'augmenter en juin mais à un rythme plus lent qu'auparavant. Alors que le taux de chômage est proche de son plus bas niveau en 50 ans (3,7%), il est toujours difficile pour les employeurs de trouver des travailleurs adéquats dans les secteurs du bâtiment, de la santé, des technologies de l'information.

Toutefois le rapport signale qu'il y a eu des réductions de personnel dans certaines usines et compagnies technologiques dans le nord-est du pays.

Une source d'inquiétude pour les employeurs réside aussi dans les difficultés à obtenir ou faire renouveler des visas de travail pour leur personnel, alors que l'administration Trump est partie en guerre contre l'immigration.

Dans un marché de l'emploi où il est ardu de pourvoir des postes, les employeurs proposent des augmentations qui restent "modestes à modérées" mais plus fréquentes pour les salaires du bas de l'échelle.

Davantage de prestations sociales (plans d'assurance santé, plus de congés payés...) sont offertes par les employeurs pour attirer du personnel.

Dans plusieurs régions, notamment manufacturières comme celle autour de Philadelphie, les contacts industriels indiquent que les incertitudes sur le commerce, que ce soit avec la Chine ou d'autres partenaires, "restreignent les investissements des entreprises".

Ils se sont toutefois dits soulagés que l'administration Trump ait renoncé à infliger de nouveaux droits de douane sur les produits mexicains pour exiger que Mexico lutte mieux contre l'immigration.

Dans la région de Dallas, "les perspectives se sont détériorées aux yeux des industriels, les négociations commerciales et les tarifs douaniers pesant sur la confiance".

Mais ce ne sont pas seulement les inquiétudes autour de la guerre commerciale qui pèsent sur le secteur manufacturier. Dans la région de Cleveland (Ohio, Midwest), on dénonce "le ralentissement de la croissance mondiale" et les mauvaises conditions climatiques.

Le gouvernement publiera le 26 juillet sa première estimation de la croissance américaine au 2e trimestre qui devrait se situer entre 1,6% et 2% en rythme annuel, selon les prévisionnistes, après 3,1% au 1er trimestre.

afp/rp