par Peter Laca

La Slovaquie a devancé plusieurs autres pays d'Europe de l'Est plus grands qu'elle: la Pologne, la Hongrie et la République tchèque notamment, et sera probablement pour longtemps le dernier pays de la région à adopter l'euro, étant donné les difficultés économiques actuelles.

Comme les autres capitales d'Europe de l'Est, Bratislava a, depuis son entrée dans l'Union européenne en 2004, échangé ses mornes façades héritées de l'ère communiste pour des restaurants et boutiques de luxe aux vitrines chamarrées.

Mais les 5,4 millions d'habitants du pays n'en seront pas moins les plus pauvres de la zone euro. Le PIB par habitant de la Slovaquie s'élève à 71% de la moyenne de l'UE.

"EUROPÉENS À PART ENTIÈRE"

De nombreux Slovaques espèrent que la monnaie unique engendrera de la croissance en attirant des entreprises étrangères et permettra au pays de rattraper son retard sur l'Europe de l'Ouest.

"L'euro fait de nous des Européens à part entière, même si pour quelques années encore nous serons dans une situation bien moins enviable que les pays de l'Ouest", écrivait mercredi Peter Turcik, éditorialiste du quotidien économique Hospodarske Noviny.

"Mais cela en vaut la peine, car les ponts représentés sur les billets d'euros sont plus que des passerelles symboliques vers un avenir meilleur."

L'entrée dans l'eurozone vient couronner pour la Slovaquie une décennie de mutations, qui l'ont fait passer du statut de retardataire à celui de moteur de la croissance européenne.

Le pays a connu une croissance de 10,4% en 2008, et le gouvernement table sur 4% en 2009 malgré la récession qui affecte les grandes économies européennes.

Les Slovaques ont longtemps craint de subir une hausse des prix des biens et des services après l'adoption de l'euro, comme ce fut par exemple le cas en Slovénie en 2007.

Des sondages montrent que s'ils s'inquiètent toujours du risque d'inflation, ils sont aujourd'hui plus enthousiastes depuis que la crise a frappé les pays voisins plus durement que la Slovaquie.

La couronne slovaque est la seule devise régionale à ne pas s'être dépréciée face à la monnaie unique depuis que son taux de change a été figé en juillet à 30,126 contre un euro.

En comparaison, le zloty polonais a perdu 30% par rapport à l'euro, le forint hongrois 15% et la couronne tchèque 12%.

Version française Gregory Schwartz