PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé dans le rouge mardi et la baisse dominait à Wall Street en matinée, les marchés étant rattrapés par les inquiétudes sur la vigueur de la reprise économique et la prudence de mise à 48 heures des décisions de la Banque centrale européenne (BCE).

À Paris, le CAC 40 a perdu 0,26% (17,43 points) à 6.726,07. A Londres, le FTSE 100 a reculé de 0,48% et à Francfort, le Dax a cédé 0,56%.

L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 0,5%, le FTSEurofirst 300 0,43% et le Stoxx 600 0,49%. Ce dernier était monté lundi à moins d'un point de son record du 13 août (476,16 points).

Sur les marchés américains, au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones cédait 0,73% et le Standard & Poor's 500 0,38% alors que le Nasdaq Composite était pratiquement inchangé après un record, les grands groupes technologiques profitant des perspectives de prolongation de l'environnement de taux bas.

La déception qu'ont suscitée vendredi les chiffres mensuels du marché du travail aux Etats-Unis, avec des créations d'emplois très inférieures aux attentes sur fond de propagation du variant Delta, a en effet conduit beaucoup d'investisseurs à conclure que la Réserve fédérale prendra son temps avant de réduire son soutien à l'économie.

En Europe, c'est la perspective des annonces de la BCE jeudi qui incite à la prudence, faute de certitudes sur la teneur des débats touchant à ses achats de titres sur les marchés, que certains s'attendent à voir ramenés de 80 à 60 milliards de dollars par mois.

"La conjonction d'anticipations exorbitantes, de valorisations stratosphériques et de ralentissement de l'environnement macroéconomique rendent les perspectives de rapport gain/risque moins intéressantes", note Jeffrey Carbone, directeur de Cornerstone Wealth.

LES INDICATEURS DU JOUR

La plupart des indicateurs économiques du jour suggèrent une poursuite de la reprise économique mondiale et une atténuation des tensions sur les chaînes d'approvisionnement: les exportations chinoises, en hausse de 25,6% en août, ont dépassé les attentes, tout comme la production industrielle allemande en juillet (+1%). Quant à la croissance de la zone euro au deuxième trimestre, elle a été révisée à la hausse, à 2,2%.

Mais à l'inverse, l'indice ZEW du sentiment des investisseurs en Allemagne a reculé plus qu'attendu, à 26,5 alors que le consensus le donnait à 30,0.

VALEURS

En Europe, les plus fortes baisses sectorielles du jour sont pour les compartiments de la chimie (-1,16%), de la santé-pharmacie (-1,02%) et des services aux collectivités ("utilities") (-0,90%).

A la hausse, les valeurs du luxe ont poursuivi leur rebond: à Paris, Kering a gagné 0,91%, LVMH 0,66% et Hermès 1,33% tandis qu'ailleurs en Europe, Richemont prenait 2,43% et Burberry 0,34%.

Deutsche Telekom a fini pratiquement inchangé (+0,06%)% après avoir profité en début de séance de l'annonce d'un accord avec le japonais SoftBank qui lui permet de monter au capital de l'américain T-Mobile US ainsi que de la cession de ses activités aux Pays-Bas.

Danone a perdu 2,49%, la plus forte baisse du CAC 40, après l'abaissement de la recommandation et de l'objectif de cours de BofA Global Research.

TAUX

Le mouvement de remontée des rendements obligataires profite à la fois de la hausse plus forte qu'attendu des salaires aux Etats-Unis, de l'imminence d'importantes adjudications du Trésor américain et des spéculations sur la possible reconduction de Jerome Powell à la tête de la Réserve fédérale.

Les investisseurs surveillent en outre les discussions au Congrès sur le plafond de la dette publique américaine, qui pourrait être atteint le mois prochain.

Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a ainsi atteint 1,385%, son plus haut niveau depuis le 12 août.

Dans son sillage, son équivalent allemand est monté à -0,313%, au plus haut depuis le 14 juillet, tout comme le dix ans français, à 0,036%.

CHANGES

La remontée des rendements obligataires profite au dollar, qui s'apprécie de 0,48% face à un panier de devises de référence et remonte ainsi à son niveau de jeudi, avant les chiffres de l'emploi aux Etats-Unis. L'euro est ainsi retombé sous 1,1850 dollar contre 1,1909 au plus haut lundi.

La livre sterling a par ailleurs cédé du terrain après l'annonce d'une augmentation de la fiscalité pour renflouer le système britannique de protection sociale.

PÉTROLE

Le marché pétrolier poursuit son repli après les baisses de prix (d'au moins un dollar le baril) décidées par l'Arabie saoudite pour ses exportations vers l'Asie en octobre, qui alimentent les doutes sur la solidité de la demande.

Le Brent abandonne 0,65% à 71,75 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 1,4% à 68,32 dollars.

La baisse des prix saoudiens a éclipsé l'augmentation des importations chinoises de brut en août.

(Avec Chris Prentice à Washington, édité par Jean-Michel Bélot)

par Marc Angrand