L'industrie aéronautique mondiale compte sur une augmentation massive de la production de carburant aviation durable (SAF) au cours des trois prochaines décennies pour atteindre son objectif d'émissions de carbone "nettes zéro" d'ici à 2050.

Cependant, de nombreuses compagnies aériennes déplorent le manque d'offre sur le marché et le prix prohibitif - le SAF coûte environ trois à cinq fois plus que le carburéacteur traditionnel. La question se pose également de savoir comment satisfaire durablement l'offre à mesure que la demande s'accroît.

Un nombre croissant d'entreprises achètent des SAF en gros auprès des producteurs, des compagnies aériennes et des agences de voyages d'affaires, car elles cherchent à réduire les émissions de carbone pour atteindre les objectifs environnementaux et encourager la production en masse de carburants plus propres.

Des compagnies aériennes comme Virgin Atlantic s'efforcent également de mettre l'accent sur cette question, en faisant décoller mardi de l'aéroport londonien de Heathrow un vol à destination de New York alimenté à 100 % par des SAF, afin de souligner l'importance de ce carburant.

QU'EST-CE QUE LA SAF ?

Il s'agit d'un carburant liquide qui peut être mélangé au kérosène conventionnel sans qu'il soit nécessaire de développer de nouveaux avions ou de nouveaux moteurs. Il permet de réduire les émissions de carbone jusqu'à 80 %.

Les émissions sont réduites tout au long du processus de production, car les matières premières utilisées pour fabriquer le SAF ont des émissions de cycle de vie inférieures à celles du carburéacteur classique.

La composition chimique du SAF est similaire à celle du carburéacteur normal, ce qui signifie qu'il peut être utilisé dans des moteurs qui peuvent fonctionner avec du carburant traditionnel sans modification des machines.

Les FAS ne représentent qu'environ 0,1 % du carburant actuellement utilisé, mais de nombreuses compagnies aériennes ont pour objectif d'atteindre 10 % d'ici à 2030 et l'objectif de l'industrie de parvenir à des émissions "nettes zéro" d'ici à 2050 suppose que les FAS représentent 65 % du carburant.

De nouvelles règles européennes imposeront aux fournisseurs de carburant de veiller à ce que 2 % du carburant mis à disposition dans les aéroports de l'UE soit du SAF en 2025, puis 6 % en 2030, 20 % en 2035 et progressivement jusqu'à 70 % en 2050.

COMMENT EST-ELLE PRODUITE ?

Les SAF peuvent être produits à partir d'un certain nombre de sources, notamment les huiles et les graisses, les déchets verts et municipaux et les cultures non alimentaires.

À l'heure actuelle, la principale matière première est l'huile végétale, y compris l'huile de cuisson usagée et l'huile vierge.

KPMG a déclaré que la disponibilité des matières premières d'huile végétale sera limitée par l'offre globale ainsi que par les utilisations concurrentes dans les carburants routiers et maritimes, qui sont moins complexes à produire et offrent un potentiel de profit plus important.

DANS QUELLE MESURE LE SAF EST-IL "VERT" ?

Selon le Forum économique mondial (WEF), certaines matières premières des SAF, en particulier l'huile de palme, ont suscité des inquiétudes en matière de durabilité en raison du risque que les agriculteurs se détournent d'autres cultures et de la difficulté de retracer l'origine des matières premières.

L'Union européenne ne considère pas l'huile de palme comme un combustible durable en raison de la déforestation dans les principaux pays producteurs d'huile de palme en Asie du Sud-Est afin d'accroître les terres consacrées aux plantations d'huile de palme.

L'organisation non gouvernementale européenne Transport & Environment a également averti que si certaines graisses animales actuellement utilisées dans l'alimentation humaine et animale et dans la fabrication de savons et de cosmétiques sont utilisées dans les SAF, l'huile de palme sera le substitut le moins cher et le plus probable.

Si des huiles vierges sont utilisées dans le processus, la demande pourrait faire grimper les prix des huiles végétales.

QUELLES SONT LES OPTIONS FUTURES ?

La quantité croissante de SAF requise pour atteindre les objectifs environnementaux incite les entreprises à rechercher des matières premières nouvelles et plus durables.

Parmi les options à l'étude, on peut citer la conversion de l'électricité renouvelable, de l'hydrogène et du carbone en carburants synthétiques, qui, selon KPMG, présente le plus fort potentiel pour la production de SAF à grande échelle à long terme.

Cependant, les carburants synthétiques sont encore plus coûteux à produire, jusqu'à dix fois plus que le carburéacteur traditionnel et plus que les FAS à base de biocarburants, et l'offre disponible sur le marché est très limitée.

L'hydrogène est également une alternative, mais les moteurs fonctionnant à l'hydrogène ne seront disponibles qu'au milieu des années 2030 et, même dans ce cas, ils ne pourront alimenter que des vols court-courriers. (Reportage de Joanna Plucinska et Jamie Freed ; Rédaction de Sharon Singleton)