Alphabet, le mastodonte de la tech ouvre la porte à la blockchain

En tant qu’investisseur vous aurez sûrement entendu ou lu que les bénéfices de la société ont largement dépassé les attentes des analystes, montrant ainsi la résilience de ses activités face aux bouleversements macroéconomiques alors que la pandémie est toujours présente. Avec un chiffre d’affaires de 75,33 milliards de dollars au quatrième trimestre, soit une augmentation de 32% par rapport à la même période l’année dernière, le bénéfice net a bondi à 20,6 milliards de dollars, soit 30,69 dollars par action alors que les estimations des analystes prévoyaient 27,35 dollars par action. 

Dans cette joie collective, Sundar Pichai, le PDG du mastodonte américain, a déclaré chercher à intégrer des solutions blockchain dans ses services à succès dont Youtube et Google Maps. Répondant à la question des analystes sur la façon dont la société appréhendait le Web3, le patron d’Alphabet a déclaré que la blockchain pourrait être déployée dans diverses activités pour alimenter les couches informatiques. Par exemple l’équipe cloud d’Alphabet, qui est en concurrence avec Amazon Web Services et Microsoft Azure, cherche à “soutenir les besoins des clients via des plateformes basées sur la technologie de la blockchain”. 

Source : Statista

"Chaque fois qu'il y a de l'innovation, je trouve cela excitant, et je pense que c'est quelque chose que nous voulons soutenir du mieux que nous pouvons", a déclaré Pichai. "Le Web a toujours évolué, et il va continuer à évoluer, et en tant que Google, nous avons énormément bénéficié des technologies open source, nous prévoyons donc d'y contribuer.”

Si Alphabet est l’une des premières à venir se frotter aux caractéristiques uniques qu’offre la blockchain, un bon nombre de sociétés présentes dans divers secteurs sont déjà bien avancées sur le sujet.

La blockchain prolifère dans tous les secteurs

Source : blockdata.tech

Technologie, télécommunication, agroalimentaire, services financiers…Un grand nombre de secteurs sont représentés. Vous devez sûrement vous poser la question suivante : “Mais quel type de blockchain utilisent-elles?”. Oui car il n’existe pas une blockchain unique que tout le monde utilise. Grâce à la magie de la programmation, différentes blockchains possédant des caractéristiques bien distinctes peuvent être créées. Regardons de plus près ces types de blockchains. Nous allons ici nous cantonner aux trois solutions qui sont les plus utilisées. 

Hyperledger Fabric 

Fabric, une solution open source de la Linux Foundation,  propose une plateforme évolutive et sécurisée qui prend en charge les transactions privées et les contrats confidentiels. Pour faire simple, il s’agit d’une blockchain modulaire qui permet d'adapter les solutions développées par Fabric à n’importe quelle industrie. Une solution pro-entreprise qui utilise des composants plug-and-play pour répondre à un large éventail de cas d’utilisation. 

Contrairement à la blockchain Bitcoin qui est par nature ouverte à tout utilisateur et sans condition, la solution de Fabric dispose de contrôles de confidentialité évolués de sorte que uniquement les données que les entreprises souhaitent divulguer soient partagées entre les participants (autorisés) au réseau. Une solution bien plus maniable et confidentielle que Bitcoin qui a permis de conquérir le cœur d'un grand nombre de sociétés : Microsoft, Alphabet, Oracle, Walmart, Samsung, Coca Cola….

Processus des transactions avec Fabric
Ethereum 

La deuxième blockchain en termes de capitalisation boursière derrière Bitcoin se retrouve également comme étant la deuxième solution la plus utilisée par les sociétés. Ethereum est une plateforme décentralisée et open source qui permet de créer et exécuter des contrats intelligents (pour un peu mieux comprendre ces “smart contracts”, j’ai rédigé un article qui zoom sur cette technologie : Episode 7 : Le Web 3.0, le contrat intelligent est-il une réalité ou une utopie numérique ?)

L'infrastructure d'Ethereum permet à quiconque et sans condition, si ce n’est une connexion internet,  de créer des applications décentralisées (Dapps). En raison du réseau décentralisé mondial d’Ethereum qui contribue au développement et à l'exécutions des transactions sur la blockchain, les Dapps peuvent fonctionner en continue sans possibilité de censure, de fraude ou d’interventions de tiers dans les transactions. Ethereum a su séduire elle aussi de grandes sociétés : PayPal, Nvidia, Bank of America, Amazon…

Quorum

Quorum est une blockchain privée créée à partir d’Ethereum. De fait, elle conserve une grande partie de ses fonctionnalités, notamment son aspect open source qui permet  à n’importe quel développeur de contribuer au développement de la blockchain ou encore d’avoir accès aux fameux smart contracts. En revanche avec Quorum, des fonctionnalités ont été ajoutées comme par exemple la possibilité de créer des réseaux privés et sécurisés permettant ainsi une plus grande confidentialité des données (contrairement à Ethereum où tout est visible) et l’accès “contrôlé” des participants au réseau. Des fonctionnalités “de contrôle” essentielles pour la plupart des entreprises. Quorum a été adoptée par LVMH, SAP, Accenture ou encore J.P. Morgan.

En somme, nous comprenons que de nombreux géants du business de ce monde explorent la technologie de la blockchain. Celle-ci permet notamment de stocker, horodater, enregistrer et automatiser des transactions, le tout de manière sécurisée (par le réseau) permettant ainsi de se passer, dans une certaine mesure, de la manipulation humaine (tiers de confiance). 

Nous imaginons facilement que les sociétés ont tendance à se tourner vers des solutions de blockchains privées car elles sont plus facilement contrôlables. Si nous nous mettons à leur place, nous comprenons qu’avoir la possibilité de contrôler les nouveaux entrants sur le réseau mais aussi de pouvoir gérer les frais appliqués, d’autoriser certaines fonctionnalités à des personnes identifiées, de geler ou forcer des transactions entre autres, est beaucoup plus confortable pour une société, contrairement au réseau Bitcoin qui ne peut pas être contrôlé par une seule entité… Rien n'empêche cependant une société d’utiliser différentes blockchains en fonction de leurs besoins. C’est d’ailleurs le cas pour un bon nombre d’entre elles. Si nous reprenons le graphique suivant : 

Nous remarquons que Microsoft, à titre d’exemple, exploite les solutions de Fabric, Ethereum, Quorum et Bitcoin pour ses activités. 

Si Alphabet étudie de près les solutions blockchain, il y a fort à parier que la société outre-Atlantique se tournera, pour la plupart de ses activités, vers des blockchains privées pour optimiser ses services en raison des fonctionnalités précédemment citées. Comptez sur moi pour vous faire un focus des solutions “blockchainisées” des géants de la bourse, bien qu’un grand nombre d’entre elles en sont encore au stade de développement. 

Étapes du développement des solutions blockchains
Source : Blockdata.tech