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(Easybourse.com) Pourriez-vous en quelques mots nous présenter votre société ?
SEB ou Skandinaviska Enskilda Banken est la deuxieme plus grande banque suédoise en termes de capitalisation boursière, soit environ 10 milliards d'euros.
Fondée en 1972, elle compte à ce jour 20 000 salariés répartis en différentes activités dans le monde, en particulier dans  les pays scandinaves Norvège, Finlande, Danemark, et dans les pays baltes.

Dans le domaine de la gestion d'actifs SEB AM gère 80 milliards d'euros. 12 milliards sont gérés dans le cadre de fonds alternatifs : fonds absolute return, fonds de private equity, fonds immobiliers, fonds de hedge funds .

Comment expliquez-vous l'intérêt du pole gestion d'actifs pour la France ?
SEB est implantée en France depuis 1971 essentiellement dans une activité de financement des entreprises pour suivre le développement de ses clients scandinaves sur le territoire français. Depuis 1995, SEB déploit également une activité de banque privée.

S'agissant de la gestion d'actifs,  le premier fonds a été enregistré pour être commercialisé en novembre 2009. Plusieurs raisons expliquent cet intérêt affiché.
Tout d'abord, une logique industrielle. Il était naturel pour la banque d'élargir sa gamme de services dans un pays dans lequel elle était présente depuis près de 40 ans.
Ensuite, la France répond à la recherche de nouveaux marchés en termes de développement.
SEB a identifié dans le domaine de la gestion d'actifs un certain nombre de pays : la France, le Royaume Uni, l'Allemagne, la Hollande, l'Italie, la Suisse qui constituent des opportunités pour la banque d'augmenter ses parts de marchés chose qu'il lui est plus difficile de faire sur ses marchés domestiques.

Quel est votre élément différenciant ?
Un positionnement sur un produit en plein essor, le fonds SEB asset selection, le fonds phare de la gamme absolute return qui gère actuellement plus de 1,5 milliard d'encours.

Etre sur un marché classique comme le fixed income, ou le marché obligataire face à des mastodontes n'avait pas de sens en raison de notre déficit d'image.
Nous avons alors souhaité développer une expertise forte s'agissant des produits UCITS III alternatifs, une typologie de produits qui est très plébiscité par les investisseurs institutionnels et particuliers français.
Il y a effectivement une culture en France pour la gestion quantitative. Et les investisseurs ont une bonne compréhension des produits inscrits dans cette logique.

Ne pensez-vous pas que l'alternatif a été discrédité ces dernières années avec la crise ou encore l'affaire Madoff ?
Si nous considérons l'alternatif dans sa globalité, il y a eu clairement des éléments de fraude importants, des cas d'illiquidité, de performances négatives…

Cependant les produits UCITS III permettent de limiter ces risques. La fraude n'est pas impossible. En témoigne l'affaire Madoff. Mais il y a un aspect sécurisant qui est non négligeable : une mesure du risque de contrepartie.

De ce point de vue l'alternatif a vocation à évoluer. D'ailleurs de grands gérants de hedge funds ont compris qu'il fallait venir avec une nouvelle proposition de valeur, des produits plus transparents, plus régulés, plus formatés, et non des produits opaques et domiciliés dans les places offshores

De quelle manière appréhendez-vous la grande vague de régulation qui se dessine des deux cotés de l'Atlantique ?
Par rapport à des gérants alternatifs traditionnels, nous avons toujours évolué dans un environnement réglementé.

Le renforcement de la réglementation générale est une bonne chose pour nous.
Le format UCITS III permet de passeporter les produits du point de vue de la distribution et de la commercialisation. Ce qui suppose un certain nombre de process et un minimum de controle.

Ne craignez-vous pas les éventuelles conséquences négatives qui découleraient de la limitation de l'effet de levier ?
Nous pouvons distinguer deux approches dans les fonds UCITS. Une approche ordinaire et une approche sophistiquée qui permet de prendre un effet du levier supplémentaire, la contrainte étant posée sur la gestion du risque.
C'est l'approche que nous avons retenue après avoir été validée par le régulateur luxembourgeois et notre risk management.

Qu'en est-il de la problématique liée à la liquidité ?
Toutes les stratégies alternatives ne peuvent pas être utilisées dans un format UCITS III. En particulier les stratégies qui s'apparentent à des activités de trading sur des produits illiquides.

Notre produit s'inscrit dans la stratégie CTA. Autrement dit il s'agit d'un fonds systématique qui traite des contrats futurs dont les sous jacents sont listés sur les marchés et donc liquides.

Quels sont les principaux risques sous-jacents à votre stratégie d'investissement?
Le fonds traite quatre classes d'actifs par le biais de contrats futurs : taux, devises, matières premières et actions. Nous pouvons être longs/shorts ou ne pas prendre de positions du tout.
L'allocation est faite en utilisant un modèle systématique, purement quantitatif, qui va implémenter les positions dans le portefeuille.
Le modèle utilise trois grandes catégories de facteurs : des facteurs fondamentaux (données macroéconomiques), des facteurs techniques (données de prix), des facteurs liés à la finance comportementale destinés à mesurer et à comprendre le sentiment des investisseurs par rapport au marché et à prendre des positions en conséquence.

Avez-vous un bureau de représentation en France ?
Nous avons un bureau rue de Balzac où nous exerçons des activités de cash management, de financement d'entreprises...
Mais la société de gestion est basée à Luxembourg. Nous y menons des activités de private banking, de custody et de gestion d'actifs.

Nous sommes à un stade relativement récent dans le développement. Nous espérons à l'issue du succès de ce premier produit avoir d'autres produits agréés et à terme avoir une présence physique sur le territoire.

Quel est le track record de votre fonds luxembourgeois ?
Le fonds luxembourgeois a été lancé en octobre 2006. Sa performance annualisée se situe aux alentours de 10,6% fin 2009.
L'objectif est d'avoir un rendement équivalent au taux sans risque plus 5%. Le fonds a surperformé de près de 7% par rapport au taux sans risque, et de  2,4% par rapport au benchmark.

Le fonds a été lancé avec 25 millions d'euros. Il a aujourd'hui 1,5 milliard d'euros d'actifs sous gestion, ce qui en fait le plus grand fonds UCITS III absolute return de type CTA. C'est par ailleurs un des fonds qui a connu la plus importante croissance d'encours sous gestion en 2008 en Europe, grace a une performance de +24%, ce qui est assez exceptionnel compte tenu de l'environnement de marché de l'époque.

Quels objectifs vous assignez-vous pour la France ?
Nous voulons être ambitieux mais raisonnables, entre 100 et 200 millions d'euros sur l'année.
Nous visons dans un premier temps les investisseurs institutionnels mais si nous considérons la base clients historique de la société en Suède, il y a plus de 120 000 clients dans  le fonds. Par conséquent l''idée est d'aller vers le retail et les CGP dans un deuxième temps.

Propos recueillis par Imen Hazgui

- 04 Février 2010 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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