Les ours ont l'air d'avoir signé leur ixième capitulation face aux taureaux, après avoir tenté une modeste offensive la semaine dernière. Des deux animaux qui symbolisent la baisse et la hausse des actions, qui vous sont probablement familiers si vous suivez un peu les marchés financiers, c'est évidemment le taureau qui règne en maître. L'indice large S&P500 a signé un 51e plus haut de l'année en clôture. Pour les amateurs de statistiques, il semble qu'il faille atteindre 62 pour battre le score de 2017, et 78 pour décrocher un record historique en dépassant les 77 pics de 1995. Cette année-là, l'indice américain avait gagné 34%, préfigurant une période dorée pour les marchés actions, achevée après quelques coups de semonces sans lendemain avec l'explosion de la bulle internet en 2000.

Hier en bourse, les indices sont restés proches de l'équilibre, un peu en hausse en France, un peu en baisse en Allemagne, et dans le vert pour quelques points aux Etats-Unis. Quelques points qui, vous l'avez compris, ont suffi pour un 51e plus haut. Les grands investisseurs sont en position d'attente avant la tenue du raout des banquiers centraux de Jackson Hole, aux Etats-Unis, avec en point d'orgue un discours du patron de la Fed, Jerome Powell, qui pourrait dès vendredi fournir des précisions sur la politique monétaire américaine, à un moment économique charnière.

Pour éviter de trop m'étendre sur le sujet cuit et recuit des banques centrales, je vous propose ce matin un crochet par la finance ESG. Je rappelle qu'elle consiste à placer son argent sur des supports présumés plus vertueux que la moyenne, que ce soit au niveau environnemental, social ou de gouvernance. Dernièrement, cette façon d'investir avait le vent en poupe, à tel point que les intermédiaires ont rivalisé d'ingéniosité pour améliorer verdir leurs gammes. Il y a une grande part de malhonnêteté là-dedans (quelques réflexions datant du début de l'année sont à retrouver ici), mais parfois aussi de candeur à la fois chez les prescripteurs et la clientèle. Tout cela est dû en grande partie à une définition à géométrie variable de l'ESG et à des critères de notation trop disparates.

Illustration avec une série d'articles du Wall Street Journal (résumé en français ici) qui annonce que DWS, le gestionnaire d'actifs de la Deutsche Bank (encore elle), est sous le coup d'une enquête des autorités américaines pour grosso modo publicité mensongère. DWS est à la Deutsche Bank ce qu'Amundi est au Crédit Agricole, en quelque sorte. Le WSJ, en s'appuyant sur des documents internes et les déclarations de l'ancienne patronne du développement durable chez le gestionnaire d'actifs, accuse DWS de brosser un tableau un peu trop idyllique du caractère ESG de ses investissements pour se forger une image verte. Le groupe, qui revendiquait fin 2020 environ 58% de ses 793 Mds€ d'actifs sous gestion placés sur des produits ESG, dément.

La foudre est tombée sur DWS, mais le groupe allemand est loin d'être le seul critiquable puisqu'on croûle littéralement sous les publicités vantant les mérites de tel ou tel produit capable de faire avancer la cause féminine, pourfendre les patrons trop payés et réduire la température mondiale, pour une rémunération qui fait rougir de honte un livret d'épargne. Orienter les flux financiers sur les acteurs les plus vertueux est une bonne idée pour faire avance la cause ESG, encore faut-il que les critères soient objectifs et partagés par tous. Pour l'instant, c'est surtout le marketing qui mène la danse. Heureusement, il existe des intermédiaires financiers de plus en plus sélectifs, mais ce ne sont pas encore les plus bruyants.

Le CAC40 perd 0,44% à 6648 points peu après l'ouverture. Il est possible que les indices restent dans des bornes relativement étroites jusqu'à la fin de semaine et les premières déclarations importantes en provenance de Jackson Hole. On note un peu d'animation en provenance des résultats d'entreprises, notamment dans le BTP en France ou la technologie aux Etats-Unis.

Les temps forts économiques du jour

Les inscriptions hebdomadaires au chômage américain seront annoncées à 14h30, en parallèle de la seconde estimation du PIB américain du T2. Ce matin, la banque centrale coréenne a relevé ses taux d'un quart de point, à 0,75%, comme prévu.

L'euro est remonté à 1,1764 USD, alors que l'once d'or recule sous la barre des 1790 USD. Le pétrole se stabilise à 71,90 USD pour le Brent et à 67,84 USD pour le WTI, avec un spread qui a tendance à s'écarter entre les deux barils. Le rendement du T-Bond 10 ans est remonté à 1,33% et celui du Bund à -0,46%. Le bitcoin reperd 2% à 47 883 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Avon Protection : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 2955 à 1740 GBp.
  • Beazley : Goldman Sachs reprend le suivi à l'achat en visant 580 GBp.
  • Continental : AlphaValue reste à alléger avec un objectif de cours relevé de 105 à 114 EUR.
  • Flutter : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 14 700 à 15 800 GBp.
  • Geberit : Goldman Sachs relève son objectif de cours de 545 à 598 EUR.
  • Heidelberger Druckmaschinen : Stifel passe d'acheter à conserver en visant 2,10 EUR.
  • Hiscox : Diamond sax reprend le suivi à l'achat en visant 1100 GBp.
  • Knorr-Bremse : Berenberg reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 115 à 113 EUR.
  • Lancashire Holdings : Goldman Sachs reprend le suivi à neutre en visant 650 GBp.
  • Lanxess : UBS reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 71 à 72 EUR.
  • Neoen : Morgan Stanley démarre le suivi à la pondération en ligne.
  • Stadler Rail : J.P. Morgan passe de neutre à surpondérer en visant 50 CHF.
  • Tesco : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 310 à 330 GBp.
  • Vivendi : Barclays passe de pondération en ligne à surpondérer en visant 35,50 EUR.
  • Voltalia : Morgan Stanley démarre le suivi à pondération en ligne.

En France

Annonces importantes

  • UMG (Vivendi) veut accélérer sa croissance et atteindre une marge de 25% à moyen terme.
  • Bouygues vise pour 2022 un résultat opérationnel courant supérieur à celui de 2019. Les résultats semestriels sont meilleurs que prévu au niveau du chiffre d'affaires du résultat opérationnel courant.
  • Eurazeo négocie la vente de Seqens.
  • Spie va racheter l'allemand Groupe Dürr (à ne pas confondre avec Dürr AG), spécialiste de l'ingénierie des tunnels et de la gestion du trafic en Autriche et en Allemagne.
  • Eiffage renoue avec la croissance au 1er semestre et vise une amélioration sensible de ses résultats sur l'année.
  • Akka s'associe avec PFW Aerospace et Rosenbauer pour sa solution clé en main de conversion d'avions militaires immobilises au sol en avions bombardiers d'eau.
  • Delta Drone signe un premier contrat de 1 M€ avec Geodis.
  • AB Science va reprendre sa phase III avec masitinib dans la mastocytose.
  • La Française de l'Energie a reçu 2,5 M€ de financement participatif pour sa centrale photovoltaïque mosellane.
  • Servier et OSE Immunotherapeutics incluent le premier patient dans l'essai clinique de phase II d'OSE-127/S95011 dans le syndrome de Sjögren.
  • ID Logistics, HighCo et Ramsay Générale de Santé ont publié leurs comptes.

Dans le monde

Annonces importantes

  • Western Digital et Kioxia discuteraient d'un mariage à 20 Mds$, selon le Wall Street Journal.
  • Pfizer et BioNTech soumettent une demande à la FDA pour un booster de leur vaccin covid.
  • Les Etats-Unis ouvrent une enquête sur DWS, le gestionnaire d'actif filiale de Deutsche Bank, pour des soupçons de greenwashing.
  • Delta Air Lines instaure une surcharge de 200 USD par mois pour l'assurance de ses personnels non vaccinés.
  • Snowflake gagne 4% hors séance après ses trimestriels.
  • Shiseido vend les marques bareMinerals, BUXOM and Laura Mercier à Advent pour 700 M$.
  • Qantas publie une perte annuelle de 1,83 MdsAUD et prévoit de reprendre ses activités internationales d'ici la fin de l'année.
  • Les actionnaires d'Hexo approuvent le rachat du producteur de cannabis Redecan pour 625 MCAD.
  • ON Semiconductor rachète GT Advanced Technologies pour 415 M$.
  • Un nouveau directeur financier chez Lonza.
  • Nubank, la néobanque brésilienne dans laquelle Berkshire Hathaway a investi, pourrait être valorisée 55 Mds$ dans le cadre de son IPO à New York, selon Reuters.
  • Principales publications de résultats. Dell Technologies, VMWare, CRH, Delivery Hero, HP Inc, Peloton Interactive, Bouygues, Hal Trust, Swiss Prime

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