1°) Les éléments clés du référendum

Derrière cette question soumise au vote populaire, cette réforme constitutionnelle vise à mettre fin au bicaméralisme (séparation du Parlement en deux chambres distinctes). En d'autres termes : réduire avant tout les pouvoirs du Sénat italien et le nombre des sénateurs. Concrètement, l'idée serait d'instaurer désormais un système majoritaire à deux tours avec une prime accordée au parti vainqueur au second tour (55% des sièges).

Une victoire du "non" serait l'assurance d'une démission de Mattéo Renzi trop affaibli politiquement pour espérer une autre issue viable. D'autre part, la nouvelle loi électorale souhaitee ne pourrait se mettre en place après un tel échec, surtout avec l'arrivée prochaine des législatives 2018. Enfin, une défaite pousserait le parti de l'actuel président du conseil à engager des élections anticipées dès l'été 2017. En revanche, le président de la République Sergio Mattarella ne devrait pas pour autant dissoudre les chambres mais privilégier une coalition gouvernementale, gage quasi assuré d'une nouvelle instabilité politique. 

A l'inverse, une victoire du "oui" renforcerait bien évidemment Mattéo Renzi. Il ne manquerait alors plus que l'aval de la Cour constitutionnelle pour mettre en place ses réformes.


2°) Des sondages très défavorables ( jusqu'à 12 points d'avance pour le "non")




Les récents sondages sont particulièrement éloquents. Sur les 41 derniers sondages publiés au cours de ces sept dernières semaines, seuls 3 ont présenté un différentiel positif en faveur du "oui". On pourra noter par exemple qu'un "effet Obama" s'est quelque peu fait ressentir lorsque ce dernier s'est publiquement prononcé pour le "oui". La tendance s'est en effet brièvement renversée dans les deux jours qui ont suivi cette prise de position.
Ce qu'il convient de noter en revanche, c'est que le différentiel entre le "oui" et le "non" n'a jamais été aussi important qu'à l'approche du jour J. Au 18 novembre, selon Démos & Pi le "oui" représenterait 34% des votes contre 41% en faveur du "non". 
Il conviendra de rester attentif aux indécis qui pourraient créer la surprise (ils étaient près de 50% encore fin octobre) en portant leurs voies vers le "oui" ou au contraire enfoncer le clou en faveur du "non" et signer un cinglant désaveu pour le dirigeant italien Mattéo Renzi. 

La prudence reste de mise également sur les pronostics et projections fournies par les instituts de sondages italiens, les deux précédents évènements majeurs de 2016 (Brexit et élection americaine) ont fait déjouer des résultats pourtant acquis d'avance !

Quoi qu'il en soit, cette campagne électorale est définie par les observateurs comme très clivante et tourne à la foire d'empoigne tant dans les salons du parlement qu'au sein de la population. En effet, l'opposition se frotte déjà les mains sur un probable désaveu. Un échec lors de ce référendum signerait assurément la démission du président du conseil Matteo Renzi. Tous les partis font en réalité front commun en faveur du "non", que ce soient les berlusconiens, le Movimento 5 Stelle ou encore les populistes de la Ligue du Nord. Cet évènement de début décembre vise plus à "abattre politiquement" l'homme fort d'Italie, arrivé triomphalement au Palazzo Chigi il y a un peu plus de deux ans. Pour ce faire, les opposants n'hésitent pas à détourner la question en "voulez-vous moins de démocratie ?" car pour ces derniers, une victoire du "oui" serait perçue comme une atteinte au régime parlementaire, une atteinte à la démocratie ni plus ni moins. La tension et l'enjeu sont tels que les opposants au projet de réforme de la Consitution italienne prévoient de saisir la justice si le vote des italiens résidant à l'étranger modifie l'issue du scrutin. Dans la même veine, un recours avait été déposé contre la formulation de la question sujette à référendum. Ce dernier a cependant été rejeté récemment par un tribunal de Rome.


3°) Conséquences sur les marchés financiers 

Conséquence, les bancaires italiennes restent en retrait et ne bénéficient guère de la bonne orientation des indices européens ces derniers jours, portés par les marchés américains post-élection. Sur la performance journalière enregistrée en cours de séance le 23 novembre sur l'indice Eurostoxx 600, les bancaires italiennes ferment la marche avec Banco Popolare Societa à -3%, Unicredit à -3.17%, Mediobanca Group à -4%, Assicurazioni Generali à -4.4%.



Comme l'atteste le graphique comparatif suivant, c'est une année catastrophique pour les bancaires italiennes :
  • - 31% pour Assicurazioni Generali,
  • - 68% pour Banca Popolare Di Milano,
  • - 80% pour Banco Popolare Societa Cooperativa
  • - 60% pour Unicredit,



Comparaison des principales valeurs bancaires depuis le début d'année 2016

Graphiquement, après le décrochage du secteur bancaire dès le début d'année, la comparaison de ces banques majeures présente désormais une situation de "range" amorcée depuis cet été. Une lutte Acheteur/Vendeur s'est mise en place, le résultat du référendum pourrait constituer l'élément déclencheur pour une sortie de cette phase de latéralisation.

Plus globalement, la volatilité pourrait ainsi refaire son apparition sur les marchés européens. Le secteur bancaire européen reste fragilisé cette année avec plus de 13% de baisse depuis le début d'année pour le Stoxx Europe 600 Banks. Le rejet de cette réforme constitutionnelle noircirait encore d'avantage le tableau en instaurant une période d'instabilité politique et de fragilité économique en Italie, pays où les banques sont déjà particulièrement suivies par les instances Européennes et notamment la Banque Centrale Européenne.