En pleine pandémie, c’est-dire à l’automne 2021, au pic de la bulle technologique de l’époque, plusieurs groupes en vogue ont émis des obligations convertibles avec un coupon de zéro pour cent. Parmi ceux-ci figuraient Peloton, dont les vélos d’appartement étaient, parait-il, amenés à conquérir le monde. 

Exemple quasi-caricatural de l’euphorie spéculative qui prévalait alors, Peloton était ainsi parvenu à lever un milliard de dollars via ce nouveau type d’instrument hybride — une obligation qui ne verse aucun intérêt, mais porte une option de conversion à $200 par action cinq ans plus tard, soit presque le double du cours au moment de l'émission. 

C’est dire à quel point les investisseurs avaient alors une vision remarquablement optimiste — fantaisiste ? — des perspectives de Peloton puisque le titre cote désormais à $4. Le narratif s’était complètement inversé en l’espace de quelques semaines, laissant tout le monde le bec dans l’eau. 

Bis repetita en ce début 2024 avec l’un des potentiels "Peloton" du moment : Super Micro Computer, bien connu des lecteurs de Zonebourse puisque l’action a fait partie de notre portefeuille US tout au long de son extraordinaire ascension.   

A la suite de son dernier rallye boursier, Super Micro offrait hier une obligation à taux 0%, convertible dans cinq ans à un cours par action de $1 341. L’évènement marque donc le retour de cet instrument financier si particulier, qui permettra à Super Micro de sécuriser davantage de commandes auprès de Nvidia et consorts. 

Annonce plus ou moins semblable chez un autre "Peloton" de 2024, le groupe MicroStrategy, qui s’est fait une spécialité d’investir le capital levé auprès de ses investisseurs dans le bitcoin. Celui-ci entend lever $600 millions via une obligation convertible dont les termes n’ont — mystérieusement — pas encore été définis.

On devine néanmoins que l'excentrique Michael Taylor aimerait obtenir des termes comparables à ceux de Super Micro Computer... 

Bref, quitte à citer les bons mots de la sagesse boursière anglo-saxonne, n’oublions pas non plus les nôtres : "plus ça change, plus c’est pareil".