D'un point de vue allocation obligataire, l'exposition au secteur US Corporate High Yield (HY) a été payante cette année encore, du moins jusqu'à présent, observe Gianni Pugliese de Mirabaud. En effet, certains gérants de fonds obligataires considèrent que les évaluations sont très élevées et qu'il est temps de vendre pour diminuer le risque. Ceci est particulièrement vrai pour les emprunts notés CCC, dont les émetteurs dépendent de conditions commerciales, financières et économiques favorables afin de pouvoir honorer leurs engagements.

A presque 6% de performance totale cette année, l'indice Bloom Barclays US HY CCC surperforme de loin celle de 2,3% réalisée par l'indice Bloom Barclays US HY, dont la note moyenne est de B+.

Les spécialistes parlent de signes d'essoufflement du segment CCC et encouragent les investisseurs à s'orienter sur des titres plus sûrs, indique Gianni Pugliese.

Ceux en quête de rendement devraient patienter car ils auront certainement l'occasion d'acheter moins cher. Après tout, une grande proportion de la surperformance du segment CCC, vis-à-vis des obligations HY mieux notées, s'est produite pendant le premier semestre.

L'écart de rendement au-dessus du segment HY mieux noté s'est constamment resserré depuis les plus bas des prix du pétrole en 2016 et la reprise des prix des obligations spéculatives. Le taux de rémunération toujours plus faible du secteur HY, et des obligations moins bien notées en son sein, reflètent le contexte de faiblesse des rendements associés à tous les types de risques de crédit.

A 6,35%, le rendement de l'indice US Corp HY paye environ 315 points de base au-dessus du Trésor, l'écart le plus serré depuis juillet 2007. Selon les mêmes spécialistes, le potentiel de resserrement additionnel est d'autant plus compliqué que les rendements obligataires étaient beaucoup plus hauts à l'époque. Cela n'en exclut pas la possibilité mais pose des limites en termes d'ampleur.

Est-ce que la fête est finie ? Contrairement à ce qui est écrit plus haut, il y a aussi des arguments plus optimistes à considérer, assure Gianni Pugliese.

Si les gérants obligataires ont eu de bonnes raisons d'acheter des obligations CCC ces dernières années, il n'est pas impossible qu'elles continuent à mieux performer que les obligations HY moins risquées.

Non seulement les taux de défaut sont restés bas, mais l'accessibilité des marchés obligataires a permis aux entreprises en difficulté de refinancer leurs dettes. Depuis que les rendements montent, moins d'entreprises ont sollicité le marché. Le phénomène est visible puisque, selon Bloomberg, le volume d'émissions HY a été réduit d'environ 30% en 2018.

Autre élément favorable, les agences de notation prévoient des taux de défaut des émetteurs HY en baisse. En outre, il y a encore des investisseurs convaincus que les obligations CCC sont attractives car elles sont moins sensibles aux hausses des rendements US.

Quoi qu'il en soit, le marché a penché du côté " vulnérabilité " jeudi 4 octobre, conclut Gianni Pugliese. Suite aux propos de M. Powell et la hausse brutale des rendements US, l'indice HY CCC a vu son rendement monter en flèche et atteindre 9,35%, son plus haut niveau en six mois !