par Olena Harmash et Angelo Amante

KYIV, 24 février (Reuters) - Le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, ont signé samedi un accord de sécurité avec l'Ukraine, à l'occasion d'une rencontre à Kyiv entre dirigeants occidentaux, deux ans après le début de l'invasion russe.

Soucieux de dissiper les craintes d'un désintérêt de l'Occident pour le conflit, Giorgia Meloni et Justin Trudeau sont arrivés tôt samedi à Kyiv en compagnie de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du Premier ministre belge, Alexander De Croo.

"Le message que je souhaite adresser aujourd'hui à tous les Ukrainiens est qu'ils ne sont pas seuls. Je veux que vous sachiez que nous vous sommes profondément reconnaissants", a déclaré Giorgia Meloni lors de la signature d'un pacte de défense de dix ans avec le président ukrainien, Volodimir Zelensky.

Justin Trudeau a signé un accord similaire et s'est engagé à apporter un soutien financier et militaire de quelque 2,25 milliards de dollars cette année.

Ces accords font suite à des promesses similaires signées récemment par la France et l'Allemagne.

"Nous soutiendrons l'Ukraine quoi qu'il en coûte, aussi longtemps qu'il le faudra", a déclaré le Premier ministre canadien.

Des commémorations étaient organisées dans toute l'Ukraine, deux ans exactement après le début du conflit, notamment un hommage aux personnes mortes dans la petite ville de Boutcha, où les forces russes sont accusées d'avoir commis des crimes de guerre contre des civils.

"Je suis réaliste et je comprends que la guerre s'éternisera probablement pendant les trois ou quatre prochaines années. J'espère que la société se mobilisera, j'espère que nous serons en mesure de vaincre la Russie d'une manière ou d'une autre", a déclaré Denis Symonovsky, un habitant de Kyiv.

Volodimir Zelensky a emmené les dirigeants étrangers visiter l'aéroport d'Hostomel, qui a été le théâtre d'une bataille féroce au début de l'invasion, lorsque la Russie a tenté de faire venir des parachutistes pour s'emparer de la capitale, située à quelques kilomètres de là.

"Deux ans auparavant, nous avons fait face à l'ennemi par le feu, aujourd'hui, nous rencontrons nos amis et partenaires ici", a déclaré le président ukrainien lors d'un discours télévisé, des épaves d'avions derrière lui.

"Toute personne normale souhaite que la guerre prenne fin. Mais aucun d'entre nous ne permettra que notre Ukraine prenne fin", a-t-il ajouté. Le mot "indépendant" figurera toujours à côté du mot "Ukraine" dans l'histoire future.

Hors de Kyiv, les combats se poursuivent sans relâche.

Le port d'Odessa a été visé par des drones russes pour la deuxième nuit consécutive, frappant un immeuble résidentiel et tuant une personne, a déclaré le gouverneur de la région. À Dnipro, un drone russe a frappé un immeuble d'habitation et fait deux morts.

Par ailleurs, une source à Kyiv a déclaré que des drones ukrainiens avaient provoqué un incendie dans une aciérie russe, identifiée par un responsable russe à Lipetsk, à quelque 400 km de l'Ukraine.

L'AIDE AMÉRICAINE TOUJOURS BLOQUÉE

Il y a deux ans, les Ukrainiens ont, contre toute attente, douché les espoirs du président russe d'une victoire rapide en repoussant l'ennemi et en évitant une défaite dans les jours qui ont suivi le début de l'offensive de grande ampleur lancée le 24 février 2022 par Vladimir Poutine.

Mais alors que la guerre entre dans sa troisième année, l'aide, notamment militaire, apportée à Kyiv a toutefois ralenti, ce qui a des répercussions sur le champ de bataille où la contre-offensive de l'été menée par l'Ukraine n'a pas donné les résultats escomptés.

Le président américain Joe Biden reste un allié fidèle de l'Ukraine, bien que le projet porté par son administration d'une nouvelle aide militaire de 61 milliards de dollars soit toujours bloqué par l'opposition républicaine au Congrès.

Le locataire de la Maison blanche doit participer à une visioconférence samedi en compagnie de dirigeants du G7 et de Volodimir Zelensky.

La politique des Etats-Unis à l'égard de l'Ukraine et de la guerre pourrait toutefois changer après l'élection présidentielle américaine.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s'est elle engagée samedi à poursuivre le soutien de l'Europe jusqu'à ce que l'Ukraine soit "finalement libre" après être arrivée à Kyiv.

"Plus que jamais, nous nous tenons fermement aux côtés de l'Ukraine. Financièrement, économiquement, militairement, moralement. Jusqu'à ce que le pays soit libre", a déclaré sur X Ursula von der Leyen, qui est arrivée en Ukraine à bord d'un train de nuit en provenance de Pologne. (Avec la contribution de Andrew Osborn et Mike Collett-White, rédigé par Mike Collett-White et Crispian Balmer ; version française Camille Raynaud, Zhifan Liu et Kate Entringer)