* Les Démocrates de Suède crédités de 17% des intentions de vote

* Ils avaient remporté 13% des suffrages en 2014

* Le bloc de gauche crédité de 40% des intentions de vote

* La coalition des partis de droite également

* (Actualisé avec précisions)

par Simon Johnson et Johan Sennero

STOCKHOLM, 9 septembre (Reuters) - Les Suédois votent ce dimanche pour des élections législatives dominées par les débats sur l'immigration et le système social, qui pourraient faire des Démocrates de Suède (SD, extrême droite) le premier parti d'un pays réputé pour sa tolérance.

L'arrivée en 2015, au plus fort de la crise migratoire en Europe, de 163.000 demandeurs d'asile, soit le plus fort taux de migrants par habitant dans l'UE, a polarisé les électeurs et brisé le consensus politique.

Certains Suédois estiment aussi que leur système social traverse une crise.

L'allongement des listes d'attente pour se faire opérer, la pénurie de médecins et d'enseignants, et l'incapacité de la police à éradiquer la violence dans les banlieues urbaines défavorisées, où les immigrants sont majoritaires, ont ébranlé la confiance des Suédois en leur modèle social.

"Les partis traditionnels n'ont pas réussi à répondre au sentiment de mécontentement", commente Magnus Blomgren, chercheur en sciences sociales à l'université d'Umea.

"Ce mécontentement n'est peut-être pas directement lié au chômage ou à l'économie, mais simplement à une perte de confiance dans le système politique. La Suède n'est pas la seule dans ce cas."

Le bloc représentant la gauche, qui réunit le Parti social démocrate (SAP) et les Verts, qui soutiennent le gouvernement minoritaire au pouvoir, et le Parti du Gauche, est crédité de 40% des intentions, de vote, selon les derniers sondages d'opinion, ce qui lui donnerait une courte avance sur l'Alliance, le bloc représentant la droite.

Ainsi les Démocrates de Suède pourraient se retrouver dans la position d'arbitre pour la composition du prochain gouvernement. Le SD, qui veut que la Suède quitte l'Union européenne et un gel de l'immigration, est crédité de 17% des intentions de vote, soit quatre points de plus que son score réalisé lors des élections de 2014.

"RÉFÉRENDUM SUR LE MODÈLE SOCIAL"

Il était apparu après ces élections que le soutien au SD avait été largement sous-estimé. Certains sondages effectués par internet créditent aujourd'hui le SD de 25% des suffrages.

Il deviendrait ainsi le parti le plus important du pays, devant les sociaux-démocrates, une première en un siècle.

Si tel était le cas, la couronne suédoise pourrait baisser, mais les économistes n'envisagent pas d'effets à long terme sur les marchés. L'économie du pays est solide et il y a consensus sur les orientations de politique économique.

La Suède a déjà flirté avec le populisme. Nouvelle démocratie, fondé par un aristocrate et un producteur de disques, avait remporté près de 7% des voix en 1991, en promettant une politique d'immigration stricte, de l'alcool moins cher et la gratuité du stationnement automobile, avant de quitter le parlement trois ans plus tard.

Les Démocrates de Suède veulent devenir le principal parti populiste du nord de l'Europe, devant le Parti populaire danois, qui a remporté 21% des suffrages en 2015, et l'Alternative pour l’Allemagne (AfD), entrée au Bundestag l'année dernière avec 12,6% des voix des électeurs.

En vue des élections au Parlement européen l'an prochain, le vote suédois est très observé à Bruxelles qui craint que cette démocratie exemplaire ne vienne renforcer les rangs de plus en plus fournis de l'euroscepticisme au sein de l'UE.

Le chef de file de SD, Jimmie Akesson, considère ces élections comme "un référendum pour savoir si nous gardons notre modèle social ou si nous laissons la porte ouverte à l'immigration".

Il a déjà fait savoir qu'il s'opposerait à tout gouvernement qui ne prendrait pas en compte ses inquiétudes sur la politique migratoire.

Les principales figures politiques du pays ont jusqu'à présent repoussé tout accord avec Akesson.

Mais avec l'actuelle impasse politique, les analystes estiment que le SD pourrait gagner en influence, sauf en cas d'accord entre les partis de gauche et de droite.

Aucune de ces options ne sied cependant aux dirigeants des deux coalitions, ce qui laisse entrevoir un long processus pour former le prochain gouvernement.

Les bureaux de vote fermeront à 18h00 GMT avec sondages de sortie des urnes publiés dans la foulée par les deux principaux instituts. Les résultats devraient se clarifier au cours de la soirée. (Avec Johan Sennero, Anna Ringstrom et Reuters TV Jean Terzian et Danielle Rouquié pour le service français)