La Fed a opté sans surprise sur le statu quo. Selon Gero Jung, chef économiste de Mirabaud Asset Management, la banque centrale pourrait évoquer l'idée d'un resserrement monétaire au second semestre et le rendre effectif l'an prochain.

1) Que retenez-vous de la dernière réunion de la Fed ?

Les attentes des investisseurs étaient faibles, à raison. La Fed a réaffirmé son approche ultra accommodante. Pour autant, Jerome Powell a légèrement ajusté sa communication en enlevant le terme " considérable " pour évoquer les risques pesant sur la croissance. Sinon, le discours est resté très " colombe ". Le président de la Fed n'a pas évoqué la diminution de ses achats d'actifs.

2) Jerome Powell est-il toujours aussi attentif au marché de l'emploi ?

Le président de la Fed a rappelé que le marché de l'emploi restait plus faible qu'avant la crise. Surtout, au-delà des chiffres, il a insisté sur la qualité de l'emploi. Le chômage demeure préoccupant chez les minorités noires et hispaniques comme chez les travailleurs gagnant moins de 20 dollars de l'heure. Point moins relevé par les économistes, Jerome Powell a précisé qu'il s'intéressait non à des tendances, mais à des chiffres. Il attendra une séquence de très bons chiffres pour réorienter sa politique et non quelques indicateurs isolés.

3) Le changement de cap n'est donc pas pour demain ?

Comme je viens de le dire, la Fed attend une répétition d'indicateurs solides. Si elle se produit, elle pourrait évoquer la perspective d'un léger " tapering " au cours du second semestre 2021, qui deviendrait effectif l'an prochain. Le risque serait qu'elle procède à un tour de vis plus tôt en raison de l'accélération de l'inflation, mais ce n'est pas mon scénario principal.

Propos recueillis par Pierre-Jean Lepagnot