Istanbul (awp/afp) - Le gouverneur de la Banque centrale de Turquie Fatih Karahan a estimé jeudi que l'inflation commencera à baisser en juin, et revu légèrement en hausse sa prévision pour la fin de l'année, à 38%.

La hausse des prix à la consommation s'est accélérée en avril, pour atteindre 69,8% sur un an.

"Durant le processus de désinflation que nous connaîtrons à partir de juin, nous continuerons à faire tout ce qui est nécessaire pour réduire l'inflation conformément aux objectifs intermédiaires que nous nous sommes fixés" a indiqué M. Karahan en présentant son deuxième rapport trimestriel.

"Même si la tendance sous-jacente de l'inflation a diminué, elle est restée supérieure à la trajectoire que nous avions prédite dans le premier rapport sur l'inflation de l'année", en février dernier, a reconnu le gouverneur qui laisse présager une nouvelle hausse en mai.

Par conséquent, "nous avons actualisé les prévisions d'inflation pour la fin de l'année 2024 à 38 %" contre 36 % précédemment.

La hausse vertigineuse des prix à la consommation et l'affaissement de la livre turque face à dollar et à l'euro sont jugés responsables du sévère revers électoral infligé au président Recep Tayyip Erdogan et à son parti, l'AKP, lors des municipales du 31 mars.

"Nous avons maintenu nos prévisions pour 2025 et 2026 à respectivement 14 % et 9 %. À moyen terme, nous visons une stabilisation de l'inflation à 5%", a poursuivi le gouverneur.

Le rapport souligne des augmentations de prix particulièrement élevées dans le secteur des services en avril sur l'année, dont 124,5% pour les loyers; 100,8% pour les services de transports et 95,8% dans l'hôtellerie et la restauration ou encore 103,9 % dans l'éducation privée.

La banque centrale entend par conséquent poursuivre sa politique de resserrement monétaire entamée en juin 2023, après la réélection de M. Erdogan, poussant son principal taux directeur de 8,5% à 50% le mois dernier.

"Nous sommes déterminés à maintenir notre politique monétaire restrictive jusqu'à ce que l'inflation retombe à des niveaux conformes à nos objectifs" a prévenu M. Karahan.

M. Erdogan? au pouvoir depuis 2003, comme Premier ministre puis comme président, s'est longtemps montré hostile aux taux d'intérêt élevés qu'il juge contraires à l'islam. Mais l'envolée des prix à la consommation, jusqu'à 85,5% officiellement fin 2022, l'a contraint à accepter le retour à une politique monétaire plus orthodoxe.

A Londres, l'analyste britannique Timothy Ash, spécialiste des marchés émergents et de la Turquie, a salué un rapport "réaliste, crédible et combatif".

"Ne pas exclure de nouvelles hausses (du taux directeur), c'est absolument le bon message" a-t-il complété sur X. "La Turquie a de nouveau une banque centrale adéquate".

Un groupe d'économistes turcs indépendants (Enag) estime l'inflation à plus de 124% sur un an en avril, en hausse de 5 points sur un mois.

afp/rp