(Actualisé avec résultat de la deuxième série d'analyses)

par Lisa Maria Garza

DALLAS, Texas, 12 octobre (Reuters) - Une employée de l'hôpital de Dallas (Texas) ayant soigné le Libérien qui y est décédé cette semaine de la fièvre Ebola est atteinte à son tour, révèlent des analyses effectuées dimanche, ce qui, selon les autorités sanitaires, pose la question du respect des procédures médicales.

Il s'agit du premier cas de contamination aux Etats-Unis et du deuxième hors d'Afrique, après celui constaté au début du mois en Espagne, où une infirmière madrilène ayant soigné deux malades décédés est également atteinte de la maladie.

Après les premiers tests effectués dans un laboratoire d'Austin, d'autres analyses réalisées à Atlanta par le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ont confirmé que l'aide soignante était bien atteinte de la fièvre Ebola.

Selon un responsable du Texas Health Presbyterian Hospital, la malade se trouve dans un état stable.

"Nous ne savons pas ce qui s'est passé au cours des soins du premier patient, à Dallas, mais il y a eu à un certain moment un manquement au protocole et ce manquement au protocole est à l'origine de l'infection", a déclaré le Dr. Thomas Frieden, directeur du CDC, lors d'une conférence de presse.

"Nous envisageons d'autres expositions potentielles de membres du personnel médical parce que, si cet individu a été exposé, il est possible que d'autres l'aient été aussi (...) Il est malheureusement possible que, dans les jours qui viennent, d'autres cas de fièvre Ebola apparaissent", a-t-il poursuivi, ajoutant qu'une personne qui aurait été en contact avec l'aide soignante a été placée en observation.

Barack Obama a ensuite ordonné la mise en oeuvre immédiate de nouvelles mesures pour vérifier que les services médicaux américains sont prêts à suivre les protocoles adéquats, a fait savoir la dimanche la Maison blanche.

Quarante huit personnes ont été placées en observation mais aucune ne présente de symptômes. Il s'agit de dix membres du personnel soignant ayant eu des contacts directs avec le malade libérien Thomas Eric Duncan décédé il y a quatre jours et de 38 personnes qui ont eu des contacts avec le premier groupe.

L'aide soignante atteinte, qui ne faisait pas partie des 48, portait une combinaison de protection lorsqu'elle s'occupait de Duncan. Elle a signalé une légère fièvre vendredi soir et a été placée en isolement puis soumise à des analyses.

La direction de l'hôpital se dit confiante dans les mesures prises pour empêcher de nouvelles contaminations.

"Nous savions qu'un deuxième cas était possible et nous nous préparions à cette éventualité", a déclaré le docteur David Lakey, un des responsables des services de santé texans.

CONTRÔLES AUX AÉROPORTS

Thomas Eric Duncan, premier cas de fièvre Ebola diagnostiqué sur le territoire américain, est mort le 8 octobre dans cet hôpital de Dallas où il avait été admis onze jours auparavant.

Il avait présenté les premiers symptômes de la maladie après son arrivée aux Etats-Unis en provenance du Liberia le 20 septembre.

Depuis samedi, les contrôles sont renforcés à l'aéroport international John Fitzgerald Kennedy de New York pour les passagers en provenance des pays d'Afrique de l'Ouest touchés par l'épidémie.

JFK est le premier de cinq aéroports américains à mettre en oeuvre ces mesures de surveillance renforcées.

La quasi-totalité des passagers en provenance de Guinée, du Liberia ou de Sierra Leone arrivent dans cinq aéroports américains: JFK, Newark Liberty, Washington Dulles, Chicago O'Hare et Hartsfield-Jackson Atlanta.

A lui seul, JFK est le point d'entrée de près de la moitié des quelque 150 personnes qui arrivent chaque jour aux Etats-Unis en provenance de ces trois pays d'Afrique de l'Ouest.

Les nouvelles procédures commenceront la semaine prochaine pour les quatre autres aéroports.

L'épidémie de fièvre Ebola a fait 4.033 morts sur 8.399 cas recensés depuis mars dans sept pays, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

PLUS DE 4.000 MORTS DEPUIS MARS

Le Liberia est le pays le plus touché avec 2.316 décès, devant la Sierra Leone (930 morts), la Guinée (778 morts) et le Nigeria (huit morts).

En Espagne, 15 personnes sont maintenues en observation et les autorités sanitaires ont fait état dimanche de "signes d'espoir" pour l'infirmière espagnole contaminée, qui reste cependant dans un état grave.

"La patiente semble être dans un état stable (...) et il y a des signes qui pourraient nous donner des raisons d'espérer", a déclaré lors d'une conférence de presse Fernando Simon, un responsable du ministère espagnol de la Santé. "Nous devons être très prudents", a-t-il toutefois ajouté.

L'infirmière a contracté la maladie fin septembre après avoir soigné deux prêtres espagnols contaminés au Liberia et en Sierra Leone et qui sont par la suite décédés à Madrid, l'un début août, l'autre le 25 septembre.

Une coiffeuse, une autre infirmière et une femme de ménage ayant été en contact avec Teresa Romero ont été placées vendredi soir en observation et à l'isolement dans une unité spéciale de l'hôpital Carlos III à Madrid. Une autre infirmière qui avait soigné les deux prêtres a pu en revanche quitter l'hôpital samedi soir. (Avec Jason Neely, Jim Forsyth et Frank McGurty; Eric Faye et Guy Kerivel pour le service français)