STRASBOURG, 13 mai (Reuters) - L'Eurométropole de Strasbourg et la ville allemande voisine de Kehl ont signé lundi, sur le Rhin, une déclaration d'intention avec les Badische Stahlwerke, une aciérie de Kehl, en vue de transporter la chaleur perdue par celle-ci par-delà le fleuve pour chauffer une partie des foyers strasbourgeois.

Le projet, que les partenaires espèrent faire aboutir d'ici deux ans, pour une mise en service en 2022, a été également paraphé par la région Grand-Est, le Land allemand du Bade-Wurtemberg et le ministère fédéral allemand de l'Economie et de l'Energie.

Le ministère français de l'Economie n’était pas représenté à la signature.

"Cette chaleur pourra alimenter 4.500 logements dans un premier temps mais on pourrait aller à terme jusqu'à 20.000 logements", a souligné le président de l'Eurométropole, Robert Herrmann, lors d'une traversée-conférence de presse du fleuve frontière.

Les Badische Stahlwerke, une aciérie électrique qui produit 2,2 millions de tonnes d'acier par an au bord du Rhin consomme quelque 120 millions de térawatts/heure par an, a souligné son directeur, Markus Menges, en soulignant l'intérêt économique et écologique de l'opération.

La fumée des fours, où la ferraille est fondue à 6.000 degrés Celsius, sera ramenée à 160 degrés par un échangeur hydraulique et l'eau sous pression convoyée sous le Rhin jusqu'au réseau de chaleur urbain de Strasbourg, via quelque huit kilomètres de canalisations, dont 400 mètres sous le Rhin.

Le circuit retour pourrait être utilisé pour d'autres projets par la ville de Kehl.

L'investissement est évalué à 25 millions d'euros dont 10 pour l'aciérie, qui vendra sa chaleur. Les partenaires, qui espèrent obtenir quatre millions de subventions pour l'aciérie, neuf à dix pour la canalisation, pensent amortir la dépense sur vingt ans.

Côté français, on doit toutefois encore convaincre le ministère de l'Economie que la chaleur de l'aciérie de Kehl peut être considérée comme une énergie "renouvelable", bénéficiant du taux réduit de TVA à 5,5%. (Gilbert Reilhac, édité par Myriam Rivet)