L'indice Dow Jones a perdu 344,89 points (-1,43%), à 23.857,71. Le Standard & Poor's 500, plus large et principale référence des investisseurs, a cédé 45,93 points, soit 1,73%, à 2.612,62. En raison de sa forte composante technologique, le Nasdaq Composite a lâché encore davantage de terrain avec un recul de 211,737 points (-2,93%) à 7.008,806.

La séance a pourtant commencé dans le vert dans le sillage du net rebond de la veille, provoqué par les signes apparents d'apaisement envoyés par les Etats-Unis et la Chine face au risque de guerre commerciale déclenchée par des droits de douane américains sur des produits chinois annoncés vendredi.

Les deux premières puissances économiques mondiales donnent l'impression de vouloir négocier plutôt que se lancer dans une escalade à coups de mesures de rétorsion, une perspective qui a fait subir la semaine dernière à Wall Street sa plus forte baisse hebdomadaire depuis janvier 2016.

"La question commerciale est toujours dans les esprits", déclare néanmoins Robert Pavlik, responsable de la stratégie d'investissement et gérant de portefeuilles chez SlateStone Wealth à New York, qui reste sceptique sur l'issue de ces discussions sino-américaines. "Je demande à voir la réalité derrière tout cela. J'ai besoin de voir un peu de concret avant d'y croire vraiment."

TWITTER, PRIS POUR CIBLE PAR CITRON, CHUTE DE 12%

Au-delà de ces craintes, la Bourse de New York a surtout plié mardi sous le poids du secteur technologique, dont l'indice a lâché 3,47%.

Toujours en première ligne, Facebook, en baisse de 4,9%, a continué de pâtir du scandale lié au détournement des données de 50 millions d'utilisateurs par un cabinet de consultants politiques, Cambridge Analytica.

Le réseau social est soumis à des pressions des autorités réglementaires et politiques et Mark Zuckerberg, son fondateur et directeur général, a accepté de venir s'expliquer devant le Congrès américain, a dit une source, sans préciser la date de cette audition.

"Personne ne sait vraiment quelle évolution les autorités vont imposer à son modèle d'entreprise", dit Robert Pavlik, tout en soupçonnant les autorités de chercher surtout à se donner le beau rôle en montrant leurs muscles.

Facebook, dont la valeur en Bourse a fondu de plus de 17% depuis que le scandale a éclaté le 17 mars, n'a pas été la seule valeur technologique à souffrir.

Le scandale a indirectement affecté Twitter, en chute de 12%, après avoir été qualifié par Citron Research, influent spécialiste de la vente à découvert, de valeur "la plus vulnérable" aux réglementations en matière de données personnelles.

Alphabet, maison-mère de Google, a abandonné 4,5% après avoir perdu une bataille judiciaire relançant des accusations en matière de brevets lancées par Oracle (-2,4%).

GENERAL ELECTRIC BRILLE

Nvidia a aussi pesé sur le secteur avec une baisse de 7,8%. Le fabricant de semi-conducteurs, qui est en pointe dans le développement de la voiture autonome via des partenariats avec de grands constructeurs automobiles, a annoncé mardi la suspension de ses tests à travers le monde après le décès la semaine dernière d'une femme renversée par un véhicule d'essai d'Uber, dont il est fournisseur.

Le plongeon a été encore plus rude pour Tesla (-8,2%), qui est un partenaire de Nvidia dans la voiture autonome. Le constructeur de voitures électriques a aussi souffert de l'ouverture d'une enquête par l'agence américaine de la sécurité routière à la suite d'une collision mortelle la semaine dernière impliquant l'un de ses véhicules, dont les batteries ont en outre déclenché un incendie.

Aucun poids lourd technologique n'a finalement été épargné par ce mouvement de défiance généralisée à l'égard du secteur, vedette de Wall Street l'an dernier, avec des reculs de 2,6% pour Apple, de 3,8% pour Amazon ou encore de 6,1% pour Netflix.

"Ce à quoi cela revient, c'est qu'on ne sait pas du tout à quoi s'attendre", dit Peter Kenny, de Global Markets Advisory Group. "Cela paraît très ouvert, il y a là beaucoup de risques et les investisseurs n'aiment pas l'incertitude, or c'est la définition même de l'incertitude."

Contrastant avec les difficultés des jeunes vedettes de la cote, une valeur historique de Wall Street, fortement malmenée tout au long de 2017, a redressé la tête. General Electric a ainsi gagné 4,27% sur des rumeurs de marchés, rapportées par Bloomberg, selon lesquelles Warren Buffett envisage de prendre une participation dans le conglomérat.

Environ 7,57 milliards d'actions ont été échangées au cours de la séance sur les différents marchés américains, contre une moyenne de 7,37 milliards sur les 20 séances précédentes.

Le dollar, qui avait cédé du terrain en raison de la crainte d'un conflit commercial entre les Etats-Unis et la Chine, a regagné 0,36% face à un panier de devises de référence.

L'euro est retombé juste au-dessus de 1,24 dollar, pénalisé par la hausse de la devise américaine mais aussi par les déclarations d'Erkki Liikanen, membre du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), selon lequel l'inflation de base dans la zone euro pourrait rester plus faible que prévu malgré la vigueur de la croissance.

Le repli vers les valeurs refuges provoqué par le recul de Wall Street a entraîné à la baisse les rendements des emprunts du Trésor américain, le 10 ans repassant franchement sous 2,8%, à un creux de plus de six semaines.

Les cours du pétrole se sont orientés nettement à la baisse après la clôture de Wall Street, l'American Petroleum Institute (API) ayant fait état d'une hausse inattendue des stocks de brut aux Etats-Unis.

(Avec Sruthi Shankar et Sweta Singh à Bangalore; Bertrand Boucey pour le service français)

par Stephen Culp