par Guillaume Frouin

NANTES, Loire-Atlantique, 12 octobre (Reuters) - L 'arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès vendredi à l'aéroport de Glasgow, en Ecosse, au terme d'une cavale de plus de huit ans, marque, si elle se confirme, la fin d'un des plus retentissants faits divers français de ces dernières années.

Dans un communiqué diffusé vendredi soir, la police écossaise souligne que "des investigations sont en cours pour confirmer son identité". Mais ses empreintes digitales correspondent à celles du suspect en fuite depuis avril 2011.

Soupçonné d'avoir assassiné sa femme et leurs quatre enfants, en avril 2011 à Nantes (Loire-Atlantique), l'homme était "absolument méconnaissable", a dit un haut fonctionnaire du ministère de l'Intérieur au quotidien régional Presse Océan. "Il faut le voir pour le croire", selon ce dernier. "S'il n'y avait pas les empreintes, on ne penserait pas que c'est lui."

Le père de famille, âgé aujourd'hui de 58 ans, avait été vu pour la dernière fois sur des images de vidéosurveillance, aux abords d'un hôtel Formule 1 de Roquebrune-sur-Argens (Var), avec ce qui pouvait être une arme à feu dans sa sacoche.

Cette disparition à l'autre bout de la France avait ouvert la porte à toutes les hypothèses, et les Nantais se partageaient depuis huit ans entre ceux qui étaient convaincus qu'il s'était suicidé et ceux qui pensaient qu'il avait refait sa vie.

"Très franchement, au vu du niveau catastrophique de ses finances, de son état d'esprit dans les jours (...) qui ont précédé l'assassinat et l'absence totale de vie malgré les recherches intenses des policiers, l'hypothèse du suicide, sans être certaine, est la plus probable", pensait d'ailleurs Xavier Ronsin, procureur de la République de Nantes à l'époque.

Dans un tweet publié vendredi soir, l'ancien procureur, désormais premier président de la cour d'appel de Rennes, annonce qu'il ne fera "aucun commentaire (...) à la suite de l'arrestation d'un suspect pouvant être Xavier Dupont de Ligonnès".

"Instruit depuis le départ par les juges d'instruction de Nantes, le dossier continuera à l'être dans la même sérénité et impartialité", fait-il savoir sur le compte de la première présidence de la cour d'appel. "Merci à tous les médias d'y contribuer et de respecter les familles des victimes et la présomption d'innocence", ajoute-t-il.

UNE TUERIE QUI AVAIT INSPIRÉ DES FILMS

Depuis huit ans, les policiers avaient toutefois dû procéder à la vérification de centaines de signalements, plus ou moins plausibles, de témoins croyant avoir croisé Xavier Dupont de Ligonnès. Un monastère de Roquebrune-sur-Argens avait même été inspecté par la police judiciaire, en janvier 2018, des paroissiennes pensant avoir reconnu le père de famille.

Très médiatisée, la "tuerie de Nantes" avait même nourri plusieurs films et autres "docu-fictions", comme La Part du Soupçon, diffusé il y a trois semaines en première partie de soirée sur TF1. L'acteur Kad Merad y jouait le rôle de Thomas, un père de famille soupçonné d'avoir tué sa famille quinze ans plus tôt et qui avait refait sa vie sous un faux nom.

Selon l'autopsie, l'épouse et les quatre enfants âgés de 13 à 20 ans de Xavier Dupont de Ligonnès avaient été drogués une dizaine de jours plus tôt à l'aide de somnifères, avant d'être abattus à bout portant dans leur sommeil. Leurs corps avaient été couverts de chaux et enterrés sous la terrasse de la maison familiale, dans les faubourgs de Nantes.

Entrepreneur ruiné, Xavier Dupont de Ligonnès s'adonnait en effet depuis plusieurs semaines au tir sportif, avec un silencieux, dans un stand de la ville. (Édité par Henri-Pierre André)